Russie Russie virtuelle

SCIENCE-FICTION


6. D'abord, l'hommage aux anciens !

- Edgar Rice Burroughs : cycle de "Tarzan", cycle de Pellucidar, cycle de Mars.

- Karel Capek : Tchèque à l'origine du mot "robot" (roboti = travailler).

- Arthur Conan Doyle : "Sherlock Holmes", mais fut aussi fasciné par le spiritisme. Quelques romans genre Jules Verne.

- Ryder Haggard : Les Mines du roi Salomon.

- Robert Howard : "Conan le barbare".

- Aldous Huxley : Le meilleur des mondes, classique pas considéré SF, et pourtant il s'agit d'une réflexion dans le cadre d'une dictature du futur.

- Gustave Le Rouge : le plus connu de ce qu'on appellait à l'époque "les feuilletonistes", il a créé le Dr Cornélius, archétype du savant fou dans le genre du professeur Tournesol dans Tintin et Milou.

- Lovecraft : sombres nouvelles fantastiques.

- Edgar Poe.

- Rosny aîné : connu pour ses nombreux romans préhistoriques "La guerre du feu".

- Olaf Stapledon.

- Jules Verne. On ne le présente pas ! (mes préférés : Vingt mille lieux sous les mers et L'île mystérieuse)

- Herbert Wells, qui a beaucoup inspiré le cinéma : La guerre des mondes, L'homme invisible, L'île du Dr. Moreau.


7. Les Humoristes (petite rubrique pour les mettre en valeur, car l'humour est rare en SF et souvent sous-estimé, comme d'ailleurs au cinéma où on attribue nettement moins de prix aux comédies qu'aux autres genres).

- Martiens go home !(1955) de Frédéric Brown : la Terre est envahie par des martiens qui ne veulent pas la conquérir, qui ne veulent rien du tout mais sont d'horribles casse-pieds ! Inénarrable ! (l'ambiance satirique et délirante peut être comparée à celle du film "Mars Attacks")

- L'Univers en folie (1949) du même : parodie des films de space opéra et des héros galactiques.

- Bill, le héros galactique, de Harry Harrison : parodie du célèbre "Etoiles, garde-à-vous !" de R.Heinlein (qui a été adapté au cinéma sous le titre "Starship troopers"). Et Ratinox, plus léger, une courte parodie du genre Arsène Lupin (couple) dans l'espace.

- L'Enfant tombé des étoiles, de Robert Heinlein. Eh oui ! il peut arriver à un ancien militaire (qui a dû quitter le service actif pour maladie) d'être amusant, dans cette petite histoire où Lummox, un animal sympa, s'avère être le rejeton bientôt très recherché d'une race très supérieure...

- Les recueils de nouvelles de Sheckley, Pèlerinage à la Terre par exemple. Éventuellement un roman : Omega, mais c'est dans ses nouvelles qu'il a donné le meilleur. Plusieurs ont été adaptées au cinéma : "Le prix du danger", "La dixième victime".

- Un air de sorcellerie de E.A.Scarborough : quelqu'un appelle involontairement une fée à son secours, thème des fées dans le monde moderne qu'on pourrait aussi classer dans le genre fantasy.

- Planète à gogos (1953) de Frederik Pohl et Cyril Kornbluth : une société ultra-libérale et matérialiste est dominée par la publicité, à laquelle certains tentent de s'opposer.

- Le Guide galactique (1979) par Douglas Adams, que je n'ai pas encore lu (c'est prévu), space opéra parodique et loufoque, qui commence fort : la destruction de la Terre qui gênait une autoroute galactique ! Le titre originel de "Routard galactique" a dû être abandonné en France pour des raisons légales ; a été écrit suite à une série radiophonique de la BBC.

Autres auteurs dont l'humour est souvent présent dans leurs romans : Stephenson (USA), Reed (USA), Wagner (Fr)

- Un internaute me signale Terry Pratchett, La Huitième Couleur (83), fantasy parodique.

- Starship Titanic de Terry Jones (des Monthy Python) et Douglas Adams (ci-dessus) bonne critique (pas lu).

- L'Arbre à rêves(1984) de Morrow James, SF américaine actuelle. Un critique de "frêves", de puissants rêves hallucinatoires que l'on absorbe en mangeant des "céphalopommes" se retrouve sur la piste d'un rêve qui rend fous tous ceux qui le consomment, de l'arbre qui le produit et de son concepteur, et il sera dans sa traque accompagné malgré lui de sa fille, adolescente à l'âge critique. Un roman imaginatif, au ton ironique, à l'intrigue soutenue, et bien écrit. Il méritait à mon avis un prix (que l'auteur a reçu pour une de ses nouvelles). Sa fausse légèreté vaut bien bon nombre de sagas ou de gros pavés.

- L'hôpital des étoiles (1962), de James White : recueil de nouvelles loufoques et plaisantes, situées dans un hôpital spatial dont le personnel et les patients sont humains aussi bien qu'extraterrestres. Un des premiers « space opera », qui ne se prend pas au sérieux et vise à divertir.

- Les mondes de Magnus Ridolph (1955), de Jack Vance. Traduit en bon français par (S. Hilling) dans la version Presse Pocket, un recueil de nouvelles qui forment un de ses livres les plus amusants. De plus, lui qui peine un peu à tenir la distance (même le cycle de Tschaï est finalement assez linéaire, formant une succession de nouvelles), est complètement à l'aise dans ces historiettes où un savant détective, genre Hercule Poirot, analytique et peu porté sur l'action, est engagé pour résoudre des problèmes divers sur des mondes tout aussi divers, où la morale peut prendre des aspects très variables...

- Le bureau des atrocités, de Charles Stross, cité plus loin, n mélange détonnant de fantastique et d'espionnage, presque angoissant et pourtant humoristique, une vraie réussite.


8. Choix de romans et de recueils de nouvelles : très approximativement groupés en "anciens" et "récents" (vingt dernières années) contenant aussi quelques fantasy et fantastiques.

Anciens :

- Les robots, recueil de nouvelles d'Isaac Asimov, en général en 2 tomes. Pape de la SF, à qui l'on doit les "trois lois de la robotique", programmation comportementale que doit respecter tout robot. Le dysfonctionnement de certains robots trouve souvent son origine dans ces trois lois, et son personnage récurrent Susan Calvin, robopsychologue, doit en percer le mécanisme. Deux autres personnages amènent une touche humoristique car ils sont les essayeurs des nouveaux modèles de robots conçus par l'entreprise, ce qui les place invariablement dans de situations catastrophiques ou cocasses...

Et aussi Les cavernes d'acier et Face aux feux du soleil (1954 et 57), où un détective doit enquêter en collaboration avec un androïde ; La fin de l'éternité (1955), le seul roman où il ait abordé le paradoxe temporel, thème peu développé en roman parce que trop "prise de tête", Asimov débute comme le classique "Patrouille du temps", pour aller vers un bon scénario avec suspense, mystère et psychologie. Par contre, à notre avis, son célèbre cycle Fondation est surestimé et parfois ennuyeux, en tout cas à déconseiller pour découvrir la SF, même si l'idée de base de la "psychohistoire" est originale.

- Dune (1965) de Franck Herbert, surtout le premier tome car les nombreuses suites sont à réserver aux fans. On ne présente plus ce roman depuis qu'il a été adapté au cinéma.

- Demain les chiens (1952) de Clifford Simak : des chiens parlants se racontent des histoires et des légendes, et s'interrogent sur l'Homme : a t-il vraiment existé ? Un classique que chaque génération redécouvre. Au carrefour des étoiles (1963) où un vétéran de la guerre de Sécession tient une auberge qui sert de relais discret à des races extraterrestres. (Les thèmes récurrents chez Simak : la ruralité, des héros simples et bons qui se retrouvent au contact d'extraterrestres). Et je recommande Le Livre d'Or de C. Simak, collection Livre de poche, dont la merveilleuse nouvelle L'Immigrant : les ET ont pris contact avec la Terre et acceptent de rares candidats après une sélection terrible, mais - mystère - une fois arrivés, les immigrants n'écrivent que des lettres enthousiastes (et authentifiées) mais hautement imprécises, au grand dam de toute l'humanité, qui s'interroge...

- La Patrouille du temps (1960) de Poul Anderson, dont le thème - une équipe qui voyage dans le passé pour corriger quelques évènements et rectifier le cours de l'histoire - a souvent été repris en roman ou en scénario de séries télé. Les éditions "Le Bélial" en ont entrepris la publication intégrale en 4 tomes. Tome 2 : une excellente première longue nouvelle, D'Ivoire, de singes et de paons , qui voit Manse Everard en mission dans la lointaine Tyr, où il va s'attacher à un jeune orphelin démerdard, à l'esprit vif. Dans le tome 3, la première nouvelle Stella Maris m'a laissé une impression mitigée, de bons éléments mais mal maîtrisés, longuet par moment, intéressant à d'autres. Mais la vraie bonne surprise, c'est la deuxième et dernière nouvelle du roman, L'Année de la rançon, tonique, allègre, qui allie suspense et romanesque, à mon avis un des tout meilleurs épisodes de toute la patrouille du temps, avis aux amateurs...

- Le cycle de Tschaï 4 volumes - Le Chasch, Le Wankh, le Dirdir, Le Pnume de Jack Vance : un explorateur se retrouve seul survivant sur une planète où cohabitent des humanoïdes et quatre races extraterrestres, une trame de récit simple mais très dynamique et des civilisations extarterrestres originales et fouillées. Du même : La Mémoire des étoiles (1996). Auteur prolifique mais inégal, souvent répétitif sur un scénario d'aventure linéaire avec parfois une faiblesse de l'intrigue à la fin du roman, comme si la chute de son histoire l'intéressait moins que l'ambiance, il est pourtant toujours lu grâce à son sens du détail et de l'exotisme extraterrestre, sa fantaisie). Citons aussi Space Opéra : une troupe de théâtre va de monde en monde montrer son show à des communautés lointaines ou à des extraterrestres. Son recueil de nouvelles Châteaux en Espagne a eu de bonnes critiques.

- Le Monde vert (1962) de Brian Aldiss : la terre post-atomique, l'humanité réduite à quelques tribus isolées au sein d'une immense et haute forêt pleine de dangereux végétaux mutants. Étonnant et original.

- Martiens go home ! (voir plus haut les humoristes).

- Bill, le héros galactique (voir plus haut les humoristes).

- Fahrenheit 451 (1953) de Ray Bradbury, adapté au cinéma par Truffaut, une dictature brûle les livres. Et le recueil de nouvelles Les chroniques martiennes (1950), un classique toujours réédité, recueil de nouvelles brillantes au style incontesté, un peu mélancoliques. Autres recueils : L'Homme illustré, Les Pommes d'or du soleil, Le Pays d'octobre.

- Histoires du futur de Robert Heinlein (longues nouvelles que les anglo-saxons appellent "short story").

- Des Fleurs pour Algernon (1966) de Daniel Keyes : un attardé mental, grâce à une expérience scientifique, voit son intelligence se développer d'une façon incroyable, avant de régresser. La nouvelle a eu tellement de succès que l'éditeur lui a demandé de la rallonger suffisamment pour en faire un court roman ! Adapté au cinéma.

- Cristal qui songe de Théodore Sturgeon : un handicapé réfugié dans un cirque entre en communication avec de mystérieux cristaux. Et aussi Les plus qu'humains : un groupe de handicapés forment, une fois réunis, un puissant "gelstat".

- La Faune de l'espace de A.E.Van Vogt : un vaisseau explore l'univers et rencontre pas mal d'E.T. Van Vogt est un des incontournables des anciens, il a beaucoup d'imagination et de dynamisme, mais on dit en plaisantant que ses intrigues sont quasiment incompréhensibles ; il a fini par sombrer dans le mysticisme et une secte. Les Armureries d'Isher, Les Fabricants d'armes (dans les deux, un immortel protège ou guide l'humanité), Le Monde des A, Les Joueurs du A (dynamique mais souvent fumeux), À la poursuite des Slans, qui a peut-être un peu vieilli mais qui est l'archétype de l'histoire de mutants pourchassés à cause de leur différence.

- Oms en série (1957) de Stefan Wul, adapté en superbe dessin animé "La planète sauvage" (Topor et Laloux), et Niourk (1957) : sur une Terre post-apocalypse nucléaire, une tribu survit dans les basses terres qu'occupait jadis l'Océan Atlantique, un enfant sera peut-être l'espoir de renouveau, court, inspiré et bien écrit. Sous son pseudonyme exotique, c'est un dentiste français qui a cessé d'écrire ensuite pendant dix-huit ans.

- 2001 odyssée de l'espace d'Arthur Clarke, et les suites 2010, 2061 odyssée trois. Et aussi Les enfants d'Icare, Rendez-vous avec Rama (adapté en jeu vidéo 3D précalculé), Chants de la terre lointaine. Physicien et mathématicien, il raconte souvent un futur plausible du point de vue technique : c'est en quelque sorte l'ingénieur poète. Un de ses collègues a dit "on pardonne à Clarke le manque d'envergure de ses personnages car, chez lui, le véritable héros, c'est le temps." Et Fontaines du Paradis qui décrit la construction d'un ascenseur spatial par un génial ingénieur (idée reprise sur Mars dans le cycle Mars la rouge, Mars la bleue, Mars la verte de Kim S Robinson).

- Le Seigneur des anneaux (1954) de Tolkien, le classique du genre fantasy, inventé pour distraire ses enfants.

- La planète des singes de Pierre Boulle, adapté au cinéma.

- La Guerre éternelle de Joe Haldeman : une longue et impitoyable guerre avec les E.T., une fin originale.

- Un Bonheur insoutenable d'Ira Levin. Un critique a dit : "pâle copie du meilleur des mondes", mais j'avais bien aimé ce bouquin.

- L'Anneau monde (1970) de Niven Larry et sa suite Les ingénieurs de l'anneau-monde (79), hard science, plus connu aux EUA.

- Le Vol du dragon d'Anne McCaffrey, une série fantasy (Ballade de Pern) sur les relations entre des hommes et des dragons. Et Le Vaisseau qui chantait, cycle de nouvelles sur une femme dont le cerveau a été greffé sur un vaisseau spatial. A. McCaffrey est la première femme à avoir eu le Hugo et le Nebula, et revendique une SF non scientifique, toute de psychologie et d'émotions, une des grandes de la fantasy.

- L'Homme dans le labyrinthe de Robert Silverberg : un homme se réfugie au sein d'un mystérieux labyrinthe planétaire truffé de pièges. Auteur prolifique, à qui l'on a parfois reproché d'être sombre. Citons aussi Les Monades urbaines : la Terre est peuplée de 70 milliards d'habitants dans d'immenses tours, L'Oreille interne : un télépathe voit son don disparaître peu à peu, tragique. Le Château de Lord Valentin (cycle de Majipoor), au ton plus léger, plus gai que les autres. Auteur intéressant mais peut-être surestimé, dont les meillieurs romans sont aussi les plus anciens.

- Anthologie des nouvelles de Kuttner-Moore, un couple qui a été célèbre sous un pseudonyme en écrivant à deux : Henry Kuttner apportant sans doute scénario et dynamisme, et Catherine Moore l'imagination poétique. De Catherine Moore seule, j'aime bien La Nuit du jugement et La Dernière aube.

- Les Hommes-machines contre Gandahar (1969) : un monde paisible et bucolique agressé par une armée de robots à l'ambiance totalitaire, de J-P Andrevon (Fr), adapté en dessin animé très réussi.

- Le Monde de la mort de Harry Harrison, un monde où la vie est tellement dure que les rares humains qui y vivent sont devenus des espèces de surhommes.

- Le cycle de La grande porte, de Frederik Pohl, le classique du thème de la découverte des vestiges d'une race extraterrestre techniquement plus avancée, et en collaboration avec Cyril Kornbluth Planète à gogos, sur le thème de la publicité.

- L'Arbre aux épines, de Holdstock et Kilworth, belle nouvelle inspirée de mythes bibliques, par un auteur plus souvent fantasy.

- Les Amants étrangers (1961), de Philip José Farmer, une histoire d'amour entre un humain et une extraterrestre qui avait choqué l'Amérique puritaine d'alors. (Sur le même thème, on peut signaler Rosny Aîné qui l'avait précédé dans Les Navigateurs de l'infini, et Le Vagabond de Fritz Leiber, où l'histoire d'amour entre un homme et la femme-chatte d'un vaisseau extraterrestre qui vient de surgir près de la terre, est le thème le plus réussi du roman.)

- Les Seigneurs de l'Instrumentalité, de Cordwainer Smith (USA 1913-1966) - ensemble de nouvelles et d'un roman qui décrivent un monde (et son évolution dans le futur) dirigé par une assemblée de Seigneurs à très longue durée de vie. Loin des péripéties galactiques et des puissants dirigeants, ses nouvelles, sensibles et humanistes, s'attachent plutôt à la condition humaine, aux individus, au sort des hommes et des sous-hommes (sortes de mutants socialement pénalisés, sans doute inspiré à l'époque par la condition des afroaméricains). Comme tout ensemble de nouvelles, c'est inégal, voire désuet pour les lecteurs ayant grandi dans l'informatique et les nanotechs, mais c'est un classique, qui vient à juste titre d'être réédité en poche. Citons trois nouvelles : La ballade de C'mell, La planète Shayol et Le leu du rat et du dragon où les pilotes n'osent avouer que des liens amoureux les unissent aux chats qu'ils utilisent pendant leurs voyages interstellaires pour leur aptitude à combattre des ET télépathes. (Critique intéressante et détaillée sur le site du Cafard cosmique.)

- Solaris (1961), de Stanislas Lem : depuis une station orbitale, les hommes surveillent depuis des générations une planète dont l'océan pourrait être pensant. Un jour surviennent d'étranges manifestations. Un classique, dont le thème est finalement : l'homme pourra-t-il communiquer ou comprendre une intelligence réellement différente ? J'ai trouvé certaines descriptions des mouvements aquatiques - j'allais dire telluriques ! - un peu longues et ennuyeuses, ainsi que certaines digressions métaphysiques, mais les scènes des apparitions qui perturbent les trois observateurs sont prenantes. La récente adaptation cinéma par Soderberg, superbe et assez fidèle, a bien rendu le meilleur du bouquin.

- Il existe par ailleurs de nombreuses anthologies de nouvelles (citons l'Anthologie de la littérature de science-fiction de Jacques Sadoul, éd. Ramsay) ; signalons aussi la collection "La Grande anthologie de la science-fiction" éd. Le Livre de poche, qui est thématique, et dont les nouvelles sont bien choisies et bien présentées, avec une préface générale sur le thème ainsi qu'une brève présentation de chaque nouvelle.


Retour     Suite