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SCIENCE-FICTION


9. La science-fiction soviétique : peu connue en Occident, les traductions n'étant guère nombreuses...

- Nikolaï Gogol: récits fantastiques Vij (adapté au cinéma par A.Ptouchko), La nuit de Noël, Les soirées du hameau, Le nez

- Nous autres (vers 1920) de Zamiatine

- Il est difficile d'être un dieu (1964), Les Mutants du brouillard (1972), Stalker, Vagues atteignent le vent des frères Strougatski

- L'Homme-amphibie et d'autres romans par Alexandre Béliaev, parfois qualifié de " Jules Verne russe"

- Alexeï Tolstoï, "Aelita", "Hyperboloïde de l'ingénieur Garine"

- Alexandre Kazantsev: "Plus fort que le temps"

- Ivan Efremov: "L'Heure du Taureau", "La Nébuleuse d'Andromède"

- Guennadi Gor

- Sever Gansovski

- Olga Larionova

- Kir Boulytchov

- Guennadi Altov

- Ilya Varchavski

- Igor Rossokhovatski

D'accord, cette rubrique fait un peu pauvre ! Alors je rajoute du polar. Il est vrai que c'est pas de la SF, mais je m'en fous, c'est Internet, je fais ce que je veux ;-)

- La série d'enquêtes du boyard Artem dans la Russie du XIe siècle par Elena Arseneva (coll. 10/18, "Grands détectives"), une Russe qui vit en France depuis vingt ans et écrit en français. Ni pavé, ni prise de tête, mais un bon moment de lecture parsemé d'humour, qui nous fait découvrir, au fil d'une enquête de son héros, envoyé spécial du prince, les moeurs et les coutumes d'une époque méconnue de la Russie.

- Autre auteur, autre époque : Boris Akounine a écrit une série policière située à la fin du 19e siècle, dont le premier tome "Azazel", qui est difficile à lâcher, tant son auteur s'est régalé à l'écrire (il a déclaré l'avoir fait pour se détendre après de grosses traductions) : culture, suspense et même petites touches parodiques d'autres héros (même collection que ci-dessus).

"Léviathan", le troisième tome, est excellent mais n'a aucun rapport avec la Russie car son détective est sur un paquebot en route vers les Indes et doit aider un commissaire français qui traque un voleur et meurtrier. "Missions spéciales", le 5e tome, très réussi, est fait de deux histoires à l'ambiance très différente, où Fandorine traque à Moscou un escroc à la Arsène Lupin, puis se voit chargé d'arrêter un tueur en série qui pourrait être un imitateur de Jack l'Éventreur.

- Conséquences des années de guerre froide et voulu par le genre, nombre de romans d'espionnage présentent des aspects de l'ex-URSS. Chacun a ses préférences : Tom Clancy, Frédéric Forsyth ("Le Quatrième protocole", et "Icône", situé après la chute du régime communiste par exemple, très réussi), "Sukhoï" de Richard Kerlan (inspiré de la destruction du Boeing coréen), la trilogie de M.C. Smith, surtout le premier tome, "Parc Gorki", où l'auteur a bien perçu certains aspects de l'ambiance soviétique.

- "Les Russes", par H. Smith, ancien correspondant du New-York Times à Moscou de 1971 à 1974, qui a obtenu le prix Pulitzer pour ses chroniques. Son livre est davantage axé sur la vie quotidienne, les coutumes, que sur la politique ou l'espionnage. L'auteur avait même ses enfants scolarisés sur place ce qui lui permit davantage de contacts humains.

- "Le communisme est-il soluble dans l'alcool ?" de Meyer, recueil de blagues de l'époque soviétique choisies pour former un reflet de la société (certaines circulent sous toutes les dictatures). Ces blagues circulent partout sur le Net, et la page de l'époque soviétique est tournée, aussi ce bouquin n'est-il pas réédité et difficile à trouver.


10. Deuxième liste brève, en vrac, pour corriger quelques possibles injustices dans mon choix, avec des romans ou des auteurs connus que je n'ai pas lus, ou moins appréciés.

- Aguilera et Redal (Espagne): Les Enfants de l'Éternité, space opéra intéressant qui réunit nombre de clichés du genre mais en une intrigue tonique et prenante, proche de la hard SF par la précision, pour autant que je puisse en juger, de ses explications biologiques et physiques. De Redal seul, La Folie de Dieu a été primé.

- Anthologie de nouvelles récentes américaines Horizons lointains, (collection J'ai Lu Millénaires).

- Ballard James : auteur que je connais mal mais qui occupe une place importante dans la SF française, une SF où le progrès se révèle plutôt néfaste. Empire du soleil, où un enfant est contraint de s'adapter tant bien que mal aux circonstances de la guerre, est l'excellente adaption par Spielberg de son roman, largement inspiré par ses souvenirs d'enfance (naissance en Asie, camps de prisonniers, Hiroshima).

- Barnes John : Passerelles pour l'infini (1999 en F), choc des cultures pour une colonie terrienne dotée d'une rigide théologie économique, et qui va être réintégrée à l'ensemble ; un jeune émissaire issu d'une autre colonie mais de culture occitane, avec le panache gascon, sera l'un des émissaires. Divertissant, un peu comme un Jack Vance.

- Bear Greg, la Reine des anges (1990), considéré comme son meilleur roman, mais je l'aurais souhaité mieux écrit (ou mieux traduit ?), Eon (1985) et Éternité (1998), de la SF hard science. L'Échelle de Darwin (Nébula 2000) : de la SF "hard-science" à la sauce biologique, ce qui nous change des space-opéras écrits par les physiciens. Une maladie terrifiante frappe les femmes, en passe de faire décroître rapidement la population mondiale. Est-ce une maladie ou un saut de l'évolution ? Sauf à ne pas lire la quatrième de couverture et à ignorer le titre, on comprendra qu'il s'agit d'une variation sur le thème des mutants, à l'aune des connaissances biologiques actuelles, notamment sur l'ADN et les rétrovirus. Ca se lit bien si on ne craint pas une bonne dose de biologie, peut-être trop de dialogues par moments. Deux petits reproches : on a un peu l'impression que le roman commence lorsqu'il finit (la suite, Les enfants de Darwin, vient d'ailleurs de sortir, plus équilibrée) car l'essentiel du roman raconte l'enquête scientifique, les crises sociales et politiques qui en résultent, jusqu'à ce que l'héroïne, par la force des évènements, se retrouve en première ligne. Et deux : relatif manque d'originalité puisque, si l'on excepte les données actuelles et l'hypothèse (intéressante) sur les processus à l'oeuvre, le reste rappelle souvent certaines vieilles nouvelles sur les mutants (Van Vogt, Kuttner-Moore etc.)

- Bester Alfred : L'Homme démoli (1953), une police dotée de moyens paranormaux, chronologiquement le premier prix Hugo, peut-être un peu décousu dans sa deuxième partie. Et Terminus, les étoiles! (1956).

- Blish James : Un Cas de conscience (1958), prix Hugo, un jésuite face à une planète d'extraterrestres idyllique, divin paradis ou ouvre du diable ?

- Boulle Pierre (Fr) La Planète des singes (1963), surtout célèbre par le film. Les Contes de l'absurde et E=MC2, recueils de nouvelles par l'auteur du "Pont de la rivière Kwaï".

- Bradley Marion Zimmer : surtout fantasy.

- Brin David : Marée stellaire (1983), prix Hugo et Nebula, devenu un cycle en quatre tomes.

- Brunner John Le troupeau aveugle, sur le thème souvent repris d'un monde condamné par la pollution.

- Brussolo Serge (Fr) La Nuit du bombardier (1989), Les lutteurs immobiles, une dictature écologique. Auteur prolifique, ayant écrit dans plusieurs genres, également auteur de la série enfantine des aventures de Peggy Sue.

- Bujold Lois Mc Master, space operas du cycle de Barrayar, prix Hugo en 1991, 92 et 95, peut-être un peu surestimée.

- Burgess Anthony, Orange mécanique adapté au cinéma par Stanley Kubrick.

- Cherryh C.J. : Cyteen (1988) prix Hugo.

- Curval Philippe (Fr) : L'Homme à rebours (1974).

- Deighton Len : Les Allemands ont envahi l'Angleterre (1978), fiction historique par le poète du roman d'espionnage à la John Le Carré.

- Del Rey Lester : Psi (1971).

- Delany Samuel (1942, USA) : Babel 17, une langue comme une arme dans un conflit interstellaire par une poétesse, space opéra sophistiqué, par un auteur que les critiques disaient doué mais inachevé dans ses romans, comme s'il n'avait pas donné son meilleur. Originalité du thème ; le rôle d'un langage n'a été abordé (à ma connaissance) que par Jack Vance (Les langages de Pao), Neal Stephenson (Le samouraï virtuel)

- Dick Philippe K. : très connu, souvent considéré comme un géant de la SF, j'accroche moins mais c'est un auteur qui a beaucoup inspiré le cinéma. Blade runner (titre original Les androïdes aiment-ils les moutons électriques), Ubik (1969), Minority Report, Paycheck (2004).

- Disch Thomas (1940, USA) : Génocides, sur le thème de l'invasion extraterrestre, et Camp de concentration, sont ses deux romans les plus connus, assez sombres ; mais c'est peut-être dans ses nouvelles que son talent est le plus évident, qui allient concision, satire et humour. À noter qu'il a réalisé l'adaptation écrite de la célèbre série télé anglaise de Patrick McGoohan Le Prisonnier.

- Egan Greg (Australie) : La Cité des permutants (1994), hard science.

- Eschbach (Allemagne) Jésus Video, bonnes critiques (pas encore lu, mais il n'y avait pas un seul auteur allemand dans cette chronique).

- Evangelisti Valerio, pilier de la SF italienne actuelle, prix Urania en Italie, de l'imaginaire et Tour Eiffel en France, historien de formation, il n'a pas choisi la facilité car son héros récurrent est un inquisiteur fanatique (pléonasme...), sans la touche d'humanisme ou d'idées en avance sur leur temps que les auteurs de romans historiques ajoutent souvent à leur personnages. Son inquisiteur est l'homme de son époque et de sa fonction, implacable et saignant, déterminé à lutter contre le chaos social tout en pérennisant le pouvoir temporel de l'Église catholique. Le Corps et le sang d'Eymerich, 3e tome des enquêtes d'Eymerich, est un parallèle entre un complot au 20e siècle pour fabriquer une arme biologique contre certaines races et une enquête d'Eymerich en pays cathare où il est chargé d'arrêter les agissements d'une secte. Publié en collection fantasy, proche du fantastique par son thème et la fascination qu'exerce sur nous la violence de l'époque (quoique le 20e siècle ait été finalement le champion incontesté des massacres...) Personnellement, dans le même contexte mais hors SF, je conseillerai un des meilleurs bouquins de Hubert Monteilhet Les derniers feux, un chef d'oeuvre à l'égal du Nom de la rose d'Umberto Eco.

- Farmer Philippe José : Les Amants étrangers (histoire d'amour entre un homme et une E.T., racontée avec pudeur, mais qui avait choqué dans l'Amérique puritaine de l'époque), L'Univers à l'envers.

- Galouye Daniel F. (USA, contemporain d'Heinlein) : Simulacron 3 (adapté à la télévision allemande). Cet auteur méconnu n'a pratiquement écrit que trois romans, mais il a la faveur des critiques.

- Greenland Colin : Les Chemins de l'espace a eu récemment de bonnes critiques et d'autres très moyennes... (scénario simple mais style et imagination). Son dernier roman, le Pays de cocagne, prix Arthur Clarke, est un space opéra tonique et enlevé, où une jeune pilote de cargo spatial se retrouve embringuée dans des embrouilles galactiques auxquelles elle ne comprend rien. Sans être une complète réussite, il rappelle un peu Jack Vance par le dynamisme et la présence de plusieurs races extraterrestres assez exotiques et aux menées obscures.

- Guittaud Corinne : Aquatica (2000) : une jeune femme récemment nommée gouverneur sera au centre d'une crise spatiale à laquelle plusieurs races E.T. seront mêlées. Quelques scènes rappellent le film "Abyss".

- P.D. James: seule incursion de la célèbre romancière du polar dans la SF, mais ses lecteurs ne l'ont pas suivie.

- Jeury Michel (Fr) : Le Temps incertain (1973).

- Klein Gérard (Fr) : Les Seigneurs de la guerre (1971).

- Le Guin Ursula : La Main gauche de la nuit (1969).

- Peter Hamilton (pas encore lu), son énorme cycle de space opera semble faire l'admiration de ses lecteurs.

- Lee Tanith (GB), surtout fantasy.

- Lehman Serge (Fr) : F.A.U.S.T., ou Aucune étoile aussi lointaine, space opéra traditionnel.

- Leiber Fritz : Le Vagabond (1964), Le Grand jeu du temps (parfois appelé Guerre dans le néant) (1958). Il a aussi beaucoup écrit de fantasy de qualité : Le Cycle des épées.

- Lethem J., primé aux USA

- Lem Stanislas (Pologne) : Solaris (1961), adapté au cinéma par A.Tarkovski.

- Lewis Clive S. (1898-1963) : une trilogie poético-philosophique et mystique, basée sur la théologie chrétienne, Le Silence de la Terre (1938), Voyage à Vénus, Cette hideuse puissance, par un auteur universitaire linguiste et spécialiste du Moyen-âge, également auteur d'un cycle de fantasy connu en Angleterre, Narnia.

- Masali Luca (Italie) : La Perle à la fin des temps (1999).

- Matheson Richard : L'Homme qui rétrécit et Je suis une légende.

- Miller Walter M., qui a peu écrit (dans les années 50) mais dont le roman Un cantique pour Leibowitz (prix Hugo) est considéré comme un classique de la SF. Bien sûr, les discussions théologiques n'ont pas la profondeur de celles du "Nom de la Rose" ni son style, mais on y pense à cause du thème : après l'apocalypse nucléaire, des ordres monastiques veillent sur les miettes de savoir qui ont survécu sous formes de bribes de documents (histoire écrite avant l'informatique) qu'ils conservent et recopient de siècle en siècle, dans l'attente d'une nouvelle Renaissance; une civilisation va naître, mais sera-t-elle plus sage ? L'auteur a fait la guerre de 45 et l'histoire est manifestement inspirée par l'impact des armes nucléaires puis l'ambiance de la guerre froide.

- Negrete Javier (Espagne) Le Regard des furies (2002). Un être génétiquement amélioré, agent et à l'occasion assassin d'une firme, est envoyé sur une planète prison où il existe une chance de percer le secret du voyage interstellaire jalousement gardé par des ET, va progressivement s'humaniser. Aventures, correctement écrit (avec un goût pour les métaphores mythologiques), suspense, divertissant.

- Pelot Pierre (Fr), prolifique et talentueux auteur français - polars, scénarios, aventures historiques (son dernier roman, C'est ainsi que les hommes vivent, a d'excellentes critiques) - a écrit de la SF dans les années 70 que je n'ai pas lue, plutôt orientée jeunesse. Citons La Nuit sur la terre, suspense policier à l'ambiance sombre et fantastique. Regrettons égoïstement, pour la vitalité du genre, qu'un écrivain de ce talent n'écrive plus de SF.

- Powers Tim : Les voies d'Anubis (1983).

- Reynolds Alastair (astrophysicien travaillant en Europe) L'Espace de la Révélation, space opéra que la 4e de couverture annonce pour rien de moins que le premier chef d'oeuvre SF du 21e siècle ! Disons tout net que c'est très, très exagéré... l'auteur a certes des connaissances en astronomie et n'a pas choisi la facilité des déplacements rapides (genre portes des étoiles, etc), il a de l'imagination, les péripéties abondent au sein d'une histoire "galactique" pleine des ingrédients actuels de la hard-science (IA, numérisation de l'esprit, implants), mais trop de dialogues banals et redondants ainsi qu'une écriture quelconque gâchent le tout et parviennent même à le rendre ennuyeux par moments. Un premier roman qui aurait gagné à être réécrit et raccourci; ne fait pas qui veut un pavé à la Dan Simmons. Dans le genre je préfère Benford ou Brin.

- Robinson Kim Stanley : trilogie de Mars la rouge, Mars la Bleue, Mars la verte, SF hard science sur la terraformation de la planète Mars, inégal mais très intéressant.

- Sernine (Québec) : Boulevard des étoiles.

- Simonay P. : Dorian et Solyane, primé.

- Smith M.M. : Frères de chair, humoristique (bien d'après "Le Nouvel Observateur").

- Sterling Bruce : La Schismatrice (1985): SF cyberpunk

- Sternberg Jacques (Fr)

- Vinge Vernor : Un Feu sur l'abîme (1992), prix Hugo; Captive du temps perdu.

- Vonnegut Kurt : Abattoir 5 (1969) a été adapté au cinéma.

- Wagner Roland (FR) : Les futurs mystères de Paris (comme Nestor Burma de Léo Malet), primé. Par un auteur souvent humoristique ; Le Chant du cosmos et Les Psychopompes de Klash.

- Watson Ian : L'Enchâssement (1973).

- Williams Walter Jon (USA) : Les Joyaux de la couronne(1987), 3 aventures d'une sorte d'Arsène Lupin du futur, sur un ton léger qui rappelle Jack Vance. A connu le succès avec un classique du genre cyberpunk : Câblé (1984)

- Willis Connie : Le Grand livre a obtenu le prix Hugo et le Nébula, où une étudiante en histoire se retrouve bloquée au Moyen-âge en pleine épidémie de peste. Assez dramatique, comme devait l'être l'époque, mais de là à mériter deux prix... je l'ai trouvé banal mais j'étais peut-être mal luné.

- Wilson Robert Charles (Canada) : Darwinia, récent.

- Wolfe Gene : L'Ombre du bourreau (1980), proche de la fantasy.

- Young Robert : Baleinier de la nuit.

- Zelazny Roger : Seigneur de lumière (1967) : des colonisateurs utilisent la mythologie hindoue pour asservir la population. Et une saga fantasy : Les Neuf princes d'ambre.


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