Russie Russie virtuelle

BLAGUES

de l'époque communiste


Gorki rendant visite à Lénine lui proposa d'aller boire un rouble de vodka, mais Lénine, invoquant les restrictions imposées à tous par la révolution et la guerre, refusa de boire plus d'un demi-rouble. Gorki, auquel le peu de conviction mis par Lénine dans sa déclaration n'avait pas échappé, insista et fit remarquer que deux personnages de leur importance pouvaient sûrement s'offrir un petit extra. Lénine cependant résistait tant et si bien que Gorki, piqué au vif, lui demanda carrément les vraies raisons de son obstination. Lénine se prit alors la tête entre les mains et dit:
- Tu vois, Alekseï Maksimovitch, la dernière fois que j'ai partagé tout un rouble de vodka en compagnie d'un ami, ça m'a fait un tel effet qu'en sortant je me suis cru obligé de faire un grand discours au prolétariat international et, à l'heure actuelle, j'essaie toujours de comprendre ce que j'ai bien pu vouloir dire...


Au cours d'une réunion politique, Staline prend la parole pour un discours fleuve. Il parle, il parle, il parle. Soudain, un violent éternuement rompt le fil de son discours. Staline lève la tête et demande:
- Qui a éternué?
Seul un silence terrifié lui répond. Staline repose sa question. Nouveau silence.
- Gardes, fusillez le premier rang, rugit Staline.
Aussitôt dit, aussitôt fait. De nouveau, Staline veut savoir qui a éternué, mais personne ne répond.
- Gardes, fusillez le second rang, ordonne Staline.
Le second rang liquidé, Staline pose encore une fois sa question, et un homme sort du troisième rang et dit:
- C'est moi, camarade.
- À tes souhaits, camarade, - répond Staline avant de reprendre son discours.


Léonide Illitch Brejnev, comblé d'honneurs pour son soixante-dixième anniversaire, ayant ajouté à tous ses titres celui de maréchal de l'Armée soviétique, se décide enfin à faire venir sa vieille maman au Kremlin pour quelques jours. Mme Brejnev mère, à cette occasion, quitte sa ville natale pour la première fois de sa vie, puis est accueillie à Moscou par le bureau politique au complet et la fanfare de plusieurs régiments. Son fils l'emmène au Kremlin dans une somptueuse Cadillac offerte par Nixon et, après lui avoir montré ses appartements de plus de douze pièces, lui fait les honneurs du palais. Immenses salles aux boiseries dorées, aux riches tentures et aux meubles les mieux travaillés, tableaux de grands maîtres, somptueuses icônes, vitrines emplies de vaisselle d'or et de précieux bibelots, coffres et écrins de bois richement décorés, renfermant d'étonnants bijoux, Mme Brejnev examine tout sans mot dire, et son visage reste impassible.
Intrigué et mécontent, Léonide Illitch fait préparer son avion personnel, où sont aménagés un bureau, un salon et une chambre à coucher, et emmène sa mère dans les Carpates. Là, il lui fait visiter son coquet chalet, lui montre son remonte-pente personnel, sa piste de ski réservée, sa patinoire, sa piscine chauffée, son téléphérique et l'hélicoptère de promenade, et Mme Brejnev ne dit toujours rien, et son visage reste impassible.
Alors Léonide Illitch reprend son avion et fait mettre le cap sur la mer Noire. Là, il montre à sa mère une magnifique propriété, avec une plage privée, un petit port où sont ancrés un yacht, un voilier et plusieurs canots automobiles, et Mme Brejnev ne dit encore rien, et son visage reste impassible.
Désespéré, Léonide Illitch reprend avec sa mère l'avion pour Moscou et, rentré au Kremlin, il lui dit: « Écoute, maman, tu voulais que ton fils devienne quelqu'un dans la vie. Je t'ai montré le palais où j'habite, avec les trésors de l'art du monde entier, je t'ai montré mon chalet dans les Carpates, ma datcha au bord de la mer Noire, je t'ai promenée dans mon avion personnel et dans la Cadillac que m'a offerte le président des États-Unis, et toi, tu ne dis rien. Tu n'es pas fière de moi? » Alors Mme Brejnev tourne lentement la tête vers son fils et dit:
- Si, Léonide, tu es très bien installé, je suis très contente. Mais si les Rouges reviennent ?.. »


L'inspection annoncée dans une école de Zagreb préoccupe tous les esprits. Les instituteurs chapitrent les enfants et leur font faire une dernière révision des connaissances politiques de base. Arrive l'inspecteur qui, dans la première classe où il pénètre, annonce qu'il va interroger lui-même des élèves pris au hasard, et désigne un garçon au troisième rang.
- Comment t'appelles-tu?
- Ivan, camarade inspecteur.
- Qui est ton père, Ivan?
- C'est le camarade Tito, camarade inspecteur.
- Et qui est ta mère?
- C'est le Parti, camarade inspecteur.
- Très bien. Et quand tu seras grand, qu'est-ce que tu veux être dans la vie?
- Orphelin, camarade inspecteur.


Cet ouvrier yougoslave, exilé depuis des années, promène toujours avec lui un portrait de Tito et, quand on lui demande pourquoi, il répond: « C'est contre le mal du pays... »


Le secrétaire de la cellule du Parti d'une usine prépare leur meilleur ouvrier à la visite d'une délégation occidentale. Soucieux de montrer le bon côté des choses, il explique à l'ouvrier:
- Méfie-toi de leurs questions. Je vais me mettre derrière eux, et si je te fais un signe, change ta réponse pour les impressionner.
Les étrangers arrivent, demandent à parler au meilleur ouvrier de l'usine; au début tout se passe bien. Mais voilà que vient une question un peu délicate:
- Combien avez-vous d'enfants?
- Un seul... (le secrétaire fait le signe) qui vit encore avec nous. J'ai aussi deux filles à l'université, et mon fils aîné a choisi une carrière politique.
- Et votre appartement, est-il grand?
- Euh... un deux-pièces (le secrétaire fait le signe) que j'ai acheté pour mon cadet, plus deux grand studios pour les filles, et mon aîné s'est acheté un quatre-pièces. Moi et ma femme, on habite une maison à deux étages, sans compter une datcha en banlieue.
- Et quel est votre hobby?
L'ouvrier, qui ne connaît pas ce mot, répond prudemment:
- Quinze centimètres environ...
Et, en voyant la gesticulation effrénée du secrétaire, ajoute:
- De diamètre!


Brejnev tombe éperdument amoureux d'une danseuse du Bolchoï. Après une cour pressante, il parvient enfin à la convaincre de venir dîner au Kremlin. Là, malgré tous ses efforts la ballerine résiste à ses avances, d'autant plus vigoureusement qu'elles se font plus précises. A bout d'arguments ainsi que de patience, Brejnev promet de lui accorder la première faveur qu'elle demandera.
- Je veux, - dit la danseuse, - je veux que tu ouvres les frontières.
- Ah, timide, tu veux donc que nous restions seuls...


Ivan, ouvrier russe, est un homme d'habitude. Tous les soirs en sortant de son travail, il passe voir son ami Vassia. Et tous les soirs avant d'arriver chez son ami, il achète tous les journaux du soir. Et tous les soirs, à peine arrivé chez Vassia, Ivan parcourt la première page de tous les journaux, puis il les jette. Un soir, poussé par la curiosité, Vassia lui demande:
- Mais enfin que fais-tu avec tous ces journaux?
- Je cherche un faire-part de deuil.
- Mais tu ne regardes que la première page, les faire-part sont à l'intérieur...
- Celui que j'attends, il sera en première page.


Après la décision prise par son mari de cumuler les fonctions de président du Praesidium du Soviet Suprême avec celles de Secrétaire général du Parti Communiste de l'Union Soviétique, Mme Brejnev est soudain prise de l'envie d'aller faire un tour sur la tombe de Nikita Khrouchtchev.
De retour au Kremlin, elle s'ouvre à son époux de ses craintes de le voir finir ses jours comme son prédécesseur, et mourir dans l'isolement de l'exil après avoir été renversé.
- Allons, - dit Brejnev, - avec ce que j'ai fait au pays, qui voudrait prendre ma place?


Un Tzigane gare sa bicyclette devant l'immeuble du parti communiste yougoslave. Aussitôt, un des miliciens de faction se précipite en hurlant:
- Tu ne peux pas te garer ici, enlève ta bicyclette. C'est la maison du camarade Tito, tous les jours le maréchal Tito vient ici, tous les jours le camarade Tito travaille ici, tous les jours le maréchal Tito...
- Rien à craindre, camarade, - coupe le Tzigane, - rien à craindre, j'ai mis l'antivol.


Au beau milieu de Varsovie se dresse une tour de quarante étages: le Palais de la culture et des sciences, construit sur le modèle de la tour de l'Université de Moscou et offert par Staline au peuple polonais. On raconte dans Varsovie que le seul homme heureux dans toute la ville est le gardien du Palais de la culture qui, habitant au quarantième étage de l'édifice, est le seul, lorsqu'il ouvre ses fenêtres, à ne pas voir le Palais de la culture. Nommé là par son cousin ministre qui ne savait que faire d'un idiot pareil, ce gardien a été chargé de surveiller l'arrivée de la prospérité.


Un jour, un groupe de touristes américains qui visitent Varsovie monte au sommet du Palais de la culture et des sciences. Là les Américains rencontrent le gardien et lui demandent ce qu'il fait à cet endroit.
- Je suis chargé de surveiller l'arrivée de la prospérité.
- Et c'est bien payé? demande un touriste.
- Environ 100 dollars par mois.
- Écoutez, - reprend l'Américain, - vous venez en Amérique, vous montez au sommet de l'Empire State Building pour surveiller l'arrivée de la crise et je vous donne 1 000 dollars par mois.
Tenté par cette somme astronomique, le gardien réfléchit longuement avant de répondre:
- Non, je ne viendrai pas. Chez vous, ça risque d'être un emploi temporaire.


Nikolaï Ivanovitch est fonctionnaire au ministère des Affaires étrangères, et, pour la première fois de sa carrière, il est choisi pour faire partie d'une délégation officielle qui doit se rendre au siège de l'Organisation des Nations Unies après une tournée dans les pays frères. Avant son départ, il promet à l'un de ses amis philatélistes de lui envoyer un petit mot de chacun des pays traversés.
Chose promise - chose due, l'ami reçoit une première carte postale de Hongrie («Amitiés de Budapest la libre»), puis une seconde de Tchékhoslovaquie («Amitiés de Prague la libre »), puis une troisième de Pologne («Amitiés de Varsovie la libre»), et enfin une dernière carte, des États-Unis («Amitiés de New York, de la part du libre Nikolaï Ivanovitch»).


Un spécialiste anglais est en mission dans un ministère roumain. Ponctuel, il arrive tous les matins à huit heures. Ses collègues roumains arrivent entre huit heures et quart et huit heures et demie. Tranquillement, ils s'installent à leur bureau en bavardant du match de la veille... Vers dix heures, tous les Roumains font une pause café, qui dure généralement une bonne heure et leur permet d'échanger des nouvelles de leurs familles. A midi et demi, c'est la pause apéritif qui permet de faire des pronostics sur le match du soir. A deux heures tout le monde commence à ranger ses affaires et à trois heures il ne reste que l'expert anglais dans les locaux du ministère.
Les jours passent sans qu'il soit manqué à l'un quelconque de ces rites, et, chaque fois que les Roumains s'en vont, l'Anglais se lève et leur dit quelques mots dans sa langue maternelle, toujours les mêmes mots.
Comme personne ne le comprend, on se résout par curiosité à faire venir un interprète et on apprend alors que l'Anglais dit:
- Camarades, excusez-moi de ne pouvoir participer à votre grève.


- Existe-t-il des droits d'auteur pour les blagues politiques?
- Oui, cela dépend de la qualité de l'histoire et ça peut aller de trois ans à la perpétuité.


Pendant le dernier congrès du Parti Communiste de l'Union Soviétique, Karl Marx redescendit sur terre et alla directement devant l'immeuble de la radiotélévision nationale où il demanda au portier à parler en direct sur les écrans. Stupéfait, le portier s'apprêtait à le faire ramasser par le KGB, quand Marx réussit à le convaincre de son identité en se servant de son portrait accroché avec celui de Lénine derrière le bureau du fonctionnaire. Convaincu par la ressemblance, le portier informa ses chefs et, de fil en aiguille, la nouvelle parvint au Politburo.
Très embarrassés, les camarades suprêmes finirent par décider que, puisqu'il s'agissait bien de Marx lui-même, la patrie du socialisme ne pouvait pas faire moins que de lui accorder le droit de s'exprimer en direct à la télévision, mais qu'il serait opportun de ne pas lui laisser un temps de parole supérieur à une minute.
Karl Marx entre donc dans le studio, s'installe devant les caméras et, après que le réalisateur lui a donné le signal, il fixe l'objectif bien en face et déclare:
- Prolétaires de tous les pays, excusez-moi...


Un citoyen se présente au poste de la milice et demande à voir le chef pour lui faire une déclaration de la plus grande importance. Devant son insistance on l'introduit devant cet important personnage à qui il déclare:
- Camarade, je viens déclarer que mon perroquet s'est échappé.
- Comment! C'est pour ça que tu me déranges?
- Pas seulement pour ça, camarade. Je voudrais aussi qu'on enregistre ma déclaration.
- Quelle déclaration?
- Je tiens à affirmer avec force et solennité que je n'ai pas les mêmes opinions politiques que mon perroquet.


Un journal de Zagreb lance un concours d'histoires drôles sur Tito. Premier prix: vingt ans, ferme.


Qu'est-ce que la Science? La Science, c'est, les yeux bandés, chercher un chat noir dans une pièce obscure.
Qu'est-ce que la Philosophie? La Philosophie, c'est chercher les yeux bandés dans une pièce obscure un chat noir qui ne s'y trouve pas.
Qu'est-ce que le Matérialisme dialectique? Le Matérialisme dialectique, c'est chercher les yeux bandés dans une pièce obscure un chat noir qui ne s'y trouve pas et s'écrier tout d'un coup: «Ça y est, je le tiens!»


À l'occasion du cinquantième anniversaire de la mort de Lénine, l'Union Soviétique tout entière fut couverte de slogans. Et le plus utilisé fut « Lénine avec nous ».
Au point que les marchands de meubles mirent en vente un lit baptisé «Lénine avec nous». C'était un modèle à trois places.


On demandait à Hô Chi-minh, en 1951, lors d'un de ses passages à Moscou, s'il était possible de s'asseoir sur un hérisson.
- En principe non, - répondit-il, - toutefois, il y a trois exceptions: si on rase le hérisson, si on fait asseoir quelqu'un d'autre à sa place et si le Parti l'ordonne.


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