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Avdotia de Riazan

Avdotia de Riazan

Bakhmet-le-Turc, le grand Tsar, vint céans,
Il mit à sac Kazan la bonne ville,
Fit des captifs, plus de quarante mille,
En son pays les emmena dolents.
Seule est restée Avdotia de Riazan,
Menant grand deuil, pleurant larmes amères
II lui a pris, le Turc, trois têtes chères :
Son frère bien aimé,
Son époux révéré,
Son aimable beau-père.
Elle a pensé, sagement a jugé :
"En terre turque hardiment m'en irai.
Une des têtes au moins rachèterai,
Bonne rançon pour cela je paierai."
Bakhmet-le-Turc, le grand Tsar, en partant,
Aux rus, aux lacs a fait commandement,
Et aux brigands dans la plaine sans ombre,
Aux loups, aux ours dedans la forêt sombre :
- Que nul ne passe à pied ou autrement !
Elle partit, Avdotia de Riazan,
Elle guéa les ruisseaux en sautant,
Elle passa les fleuves en nageant,
Elle évita les grands lacs en marchant,
Vers la minuit franchit les champs sans ombre,
(Car les brigands à minuit se reposent),
Vers la midi franchit les forêts sombres
(Les loups, les ours à midi se reposent),
Et c'est ainsi qu'elle alla cheminant.
En terre turque enfin elle arriva,
Bakhmet-le-Turc, le grand Tsar, salua,
Jusques à terre à ses pieds s'inclina :
- Bakhmet-le-Turc, ô grand Tsar, notre père,
Tu mis à sac Kazan la bonne ville,
Tu fis captifs plus de quarante mille,
Et tu me pris, ce jour, trois têtes chères :
Mon frère bien-aimé,
Mon époux révéré,
Mon aimable beau-père.
Je m'en suis venue te trouver, une tête au moins racheter,
Bonne rançon pour cela je paierai.
Le Tsar lui dit, Bakhmet lui répondit :
- Apprends-moi donc, Avdotia de Riazan,
Comment tu fis pour arriver céans ?
Les rus, les lacs avaient commandement,
Et les brigands dans la plaine sans ombre,
Les loups, les ours dedans la forêt sombre :
"Que nul ne passe à pied ou autrement !"
Lui répondit Avdotia de Riazan :
- Bakhmet-le-Turc, ô grand Tsar, notre père,
Je suis partie, j'ai cheminé longtemps,
J'ai dû guéer les ruisseaux en sautant,
J'ai dû passer les fleuves en nageant.
J'ai évité les grands lacs en marchant,
J'ai à minuit franchi les champs sans ombre
(Car les brigands à minuit se reposent),
J'ai à midi franchi les forêts sombres,
(Les loups, les ours à midi se reposent),
Et c'est ainsi que j'allai cheminant."
Bakhmet-le-Turc, le grand Tsar, lui a dit :
- Fort bien tu fis, Avdotia de Riazan !
Tu échappas aux brigands et aux bêtes.
Sache à présent requérir une tête,
Une seule des trois ;
Si tu ne sais me la bien demander,
Ta tête folle je saurai bien trancher.
Là tout debout elle se mit à pleurer :
- Bakhmet-le-Turc, ô grand Tsar, notre père !
Je n'étais pas dernière des dernières,
Dedans Kazan, mais plutôt la première.
Mari j'aurai, je me remarierai,
Parâtre aurai, qui me sera un père ;
Je concevrai, d'un gars j'accoucherai,
Bon fils aurai, qui m'appellera mère ;
Je concevrai, fille je porterai,
L'allaiterai, plus tard la marierai,
Ainsi faisant j'aurai aussi un gendre.
Seule pourtant des trois têtes chéries,
Plus ne verrai celle de mon bon frère,
Ne la verrai jamais de ma vie.
Dessus son trône le Tsar a médité,
Après un temps il s'est mis à pleurer.
- Écoute-moi, Avdotia de Riazan !
Je mis a sac Kazan, ta bonne ville,
Mais j'y perdis mon frère tant chéri :
Ne le verrai plus jamais de ma vie.
Tu as bien dit, tes discours m'ont fléchi,
Prends les captifs, prends-les tous à ta guise :
Frère, parent, compère ou bien ami.
Elle est partie, Avdotia de Riazan,
A parcouru toute la terre turque,
A choisi ceux qu'elle prendrait au pays.
A bien choisi, elle les a tous pris,
Tous les captifs trouvés en terre turque,
Les a conduits sains et saufs à Kazan,
A reconstruit Kazan la bonne ville.
Tout comme avant, tout comme au bon vieux temps.


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