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SCIENCE-FICTION


Relativement récents :

- R.Silverberg (voir plus haut).

- La stratégie Ender (1985) d'Orson Scott Card : un jeune garçon surdoué est sélectionné pour une école militaire qui forme les futurs stratèges d'une guerre extraterrestre ; ainsi que les deux suites La voix des morts (le début peut rebuter à cause des nombreux noms portugais, mais après c'est passionnant ) et Xénocide. Tous les trois primés, impressionnants et passionnants. Et sa nouvelle Sonate sans accompagnement. Écrit aussi de la fantasy. Le quatrième volet, Les enfants de l'esprit, vient de sortir (réflexions philosophiques parfois longuettes, loin par exemple de celles du polar médiéval Le Nom de la rose, de Umberto Eco, mais ceux qui ont apprécié la série auront à coeur de connaître le sort de l'IA Jane dont la survie est menacée par les hommes ; l'auteur est issu de la communauté mormone et les thèmes religieux ou les interrogations humanistes sont toujours très présents dans ses romans. Tel qu'il s'achève, ce quatrième volet ouvre la voie à un cinquième tome).

- Hypérion de Dan Simmons, carrément impossible à résumer ! Ainsi que les trois suites La chute d'Hypérion, Endymion et L'éveil d'Endymion. Un des rares auteurs à ne pas être catalogué SF, d'ailleurs j'ajouterai celui que j'ai préféré : Les fils des ténèbres (genre fantastique : une superbe variation sur le thème de Dracula) et l'Échiquier du mal (fantastique aussi, sur le thème de la télépathie et du contrôle mental, gros pavé prenant, il ne plaint pas la marchandise : des mutants se font la guerre par humains interposés, gros pavé qu'on ne lache plus une fois commencé, sûrement un de ses meilleurs).

- La sphère de Grégory Benford : une explosion lors d'une expérience dans un accélérateur à particules crée une sphère d'origine inconnue qui pourrait être un univers entier ou une fenêtre sur un univers. Écrit par un physicien, il décrit très bien le monde universitaire étasunien et celui de la recherche scientifique. Également, le cycle du Centre Galactique, sur le thème classique d'une lutte entre une civilisation de machines et tout ce qui est biologique, dont les humains ; de la hard-science, bon dosage de suspense, d'action, d'explications scientifiques et d'extrapolations, équilibrées par le destin personnel et la psychologie des quelques personnages au coeur de l'action ; 5 tomes ! Inégal comme toute saga réussie, mais on a toujours envie de connaître la suite.

- Le Grand silence (1966) de Loup Durand, variation sensible sur le thème classique de la télépathie source de mal-être pour celui qui en a le don, dans une ambiance Grand Nord à la Jack London. Seule incursion dans la SF d'un célèbre auteur de thrillers (Daddy, Le Jaguar) dont la rumeur disait qu'il était aussi le nègre d'un auteur français à très gros tirages. (c'est aussi le titre d'un roman récent de Silverberg, une variation sur l'installation d'ET sur terre et de la résistance, intéressant mais sans plus).

- D.R.E.A.M.S. par Olivier Aubry, premier roman d'un journaliste français : dans un futur très proche, des adolescents semblent victimes d'une nouvelle console de jeu révolutionnaire. Un bon suspense.

- L'âge du diamant de Neal Stephenson : un ingénieur se fait dérober le logiciel éducatif révolutionnaire qu'il a mis au point et qui échoue près d'une fillette des quartiers pauvres ; ce logiciel devient son précepteur sous la forme d'un livre qui s'adapte au développement intellectuel de l'enfant. Parfois un peu fouillis (la critique fréquemment faite à Stephenson) mais souvent passionnant. Le samouraï virtuel (en anglais Snow crash) : un danger menace le monde par l'intermédiaire du réseau virtuel, belle description d'un Internet futuriste, par une des "jeunes" étoiles de la SF américaine actuelle qui sait aussi être drôle.

- Babylon Babies de Dantec (Fr), semble devenu déjà un classique : de la SF proche (20 ans plus tard), informatique, violence, politique-fiction.

- Le Successeur de Pierre de Jean-Michel Truong (Fr) (primé), très bien écrit : d'immenses tours d'habitation dont les habitants ne quittent jamais leur petit studio et ne vivent que par les connexions virtuelles ; l'intrigue est difficile à résumer. Passionnant. - Reproduction interdite (1989), une réflexion sur le thème du clonage humain et son exploitation industrielle, écrite avant même que se créent les "comités d'éthique", qui est bâtie comme une enquête policière débouchant sur une vaste affaire impliquant les services secrets et la raison d'état, a aussi été primé. Lui aussi est un des rares auteurs SF a être publié hors des circuits SF traditionnels, grâce à l'intelligence et à la qualité de ses romans. Deux livres à dix ans d'intervalle, mais d'emblée des classiques du genre, parmi les meilleurs.

- Le Voile de l'espace de Robert Reed : un jeune garçon, dont les extraterrestres ont enlevé la mère, suit son père pendant toute son enfance, un farfelu qui enquête seul sur les ovnis. Et la récente suite qui a eu de bonnes critiques : Béantes portes du ciel (1999). Lui aussi, comme Neal Stephenson, est une vedette de l'actuelle SF américaine. Certains ont trouvé ces deux tomes un peu légers en les comparant à Vernor Vinge sur un thème voisin, mais je dirai plutôt légers dans le sens aérien, presque fantasy, et souvent amusants. Ça change des gros pavés.

- Neuromancien (1984) de William Gibson, écriture un peu hachée à mon avis (voulu ?), mais foisonnant, poétique, dynamique, imaginatif : c'est le roman fondateur de la SF cyberpunk qui, en son temps, redonna un second souffle à la SF. Et sa suite Comte Zéro. Une anecdote : il a raconté avoir écrit ce roman visionnaire sur l'informatique sur une machine à écrire traditionnelle !

- Le Problème de Turing de Harry Harrison et Marvin Minsky : a t-on volé dans un labo de recherche la première intelligence artificielle ? Passionnant : un polar doublé d'un roman sur l'IA. Un des meilleurs de ces vingt dernières années.

- Le cycle L'Usage des armes, L'Homme des jeux, Une Forme de guerre et Excession, de Ian Banks, pilier de la SF anglaise actuelle. Une société galactique "la Culture", faite de milliards d'humains et d'intelligences artificielles, absorbe ou lutte contre les civilisations extraterrestres qu'elle rencontre, en culpabilisant un peu d'uniformiser l'univers. Inversions, plutôt fantasy, est différent, à réserver aux lecteurs de tout le cycle, car il s'agit d'un conflit sur un monde moyen-âgeux où deux personnages, un homme et une femme, agissent chacun à sa façon pour faire évoluer ce monde. Ils ont de discrets pouvoirs et l'on devine qu'ils viennent d'ailleurs. Dans Le sens du vent (2002), par contre, on retrouve tous les éléments de La Culture : ET, IA, villes orbitales, complots.

- La trilogie Les Guerriers du silence, Terra mater, La Citadelle Hyponéros de Pierre Bordage (Fr), rien de novateur mais beaucoup de thèmes classiques agréablement réunis : space opéra, télépathie, complots. Wang : l'Occident a érigé un mur infranchissable entre lui et le reste du monde, qui a sombré après des guerres ; Wang doit fuir un mafieux et franchir cette porte qui ne s'ouvre qu'une fois par an, sans savoir ce qui l'attend, car les rumeurs parlent de cannibalisme, d'esclavage.

- Étoiles mourantes d'Ayerdhal et Dunyach (2 français) : l'humanité a essaimé, grâce à des "animaux Villes", en quatre branches qui ont évolué très différemment et se font plus ou moins la guerre, puis ces quatre civilisations doivent se rencontrer à l'occasion de la mort d'une étoile. Original et soigné, c'est une belle réussite, largement supérieur à ce qu'ils écrivent chacun de leur côté. Sans aucun doute appelé à devenir un classique.

Mea culpa (on ne peut pas avoir tout lu!) : bon recueil de nouvelles de Dunyach, "Déchiffrer la trame", dont une humoristique ("Nourriture pour dragons") et une autre cyberpunk ("La stratégie du requin"), toutes deux très réussies.

- Le Temps arrêté de D.Koontz, qui est plutôt "classé" en fantastique comme un rival de Stephen King.

- Ghost story de Peter Straub, lui aussi un des concurrents de S King. C'est le classique sur le thème des fantômes, captivant et superbement écrit.

- Tout Stephen King ou presque ! Comme Jules Verne, il est connu du monde entier. Précisons simplement pour ceux qui ne le connaîtraient que par les films adaptés de ses romans que, même s'il a longtemps été catalogué en fantastique, dans beaucoup de ses histoires la dose de fantastique est minime, bâties plutôt sur la psychologie et le suspense. Mes préférés : Différentes saisons, 4 longues nouvelles dont l'une autobiographique sur son adolescence et une merveilleuse sur la prison et la liberté Les Évadés (adaptée au cinéma), Misery (une fan givrée retient en otage son écrivain préféré pour qu'il ressuscite son héroïne et écrive la suite alors qu'il voulait changer de genre ! Adapté au cinéma avec une actrice incroyable Cathy Bates), Dolorès Claiborne. (Évidemment, ce n'est pas de la SF, mais je le cite parce que j'ai indiqué Straub et Koontz.)

- Le Lien maléfique d'Anne Rice, une famille de sorcières est surveillée. Un classique du fantastique, cité pour la même raison que S.King

- Un Air de sorcellerie de E.A.Scarborough (voir plus haut les humoristes), fantasy.

- Les Fourmis, trilogie de Bernard Werber, grand succès mondial. Vaste fresque sur le monde des fourmis et sa rencontre avec le nôtre.

- Kirinyaga (1998) de Mike Resnick, recueil d'une dizaines de nouvelles (plusieurs prix Hugo et Nebula) : sous les conseils du sorcier et guide spirituel de son peuple, une colonie qu'il a fondée sur un planétoïde vit selon les coutumes africaines ancestrales de l'ethnie Kikuyu. Mais les difficultés seront nombreuses car ils savent qu'ailleurs les hommes vivent autrement. Le sorcier conseille et manipule son peuple par un mélange de ruse et de psychologie, distillant sa sagesse au fil des petites histoires africaines qu'il leur raconte. Parviendra-t-il à construire son utopie ? Une réussite unanimement saluée. Par ailleurs, sa trilogie Paradis, Purgatoire, Enfer est inspirée de la colonisation africaine. Sept vues sur la gorge d'Olduvaï, belle nouvelle souvent primée (dans le recueil Sous d'autres soleils).

- À L'Est de la vie de Brian Aldiss, récemment paru, qui a également eu de bonnes critiques. Vol et trafic de souvenirs.

- Anthologie américaine récente : Horizons lointains (collection J'ai Lu Millénaires). Silverberg a demandé à une dizaine d'auteurs d'écrire une nouvelle qui s'intègre dans leur cycle le plus célèbre (Hypérion pour Dan Simmons, La Grande porte pour F. Pohl, Ender pour Scott Card, Le Vaisseau qui chantait pour McCaffrey, etc...) mais chaque nouvelle est précédée d'une description du cadre général et peut se lire telle quelle.

- Le Chant du cosmos (99), de Roland C. Wagner (Fr), des aventures basées sur un jeu de la pensée, sorte de poker télépathique entre des représentants de races humaines qui ont évolué différemment sur leurs planètes respectives. Bien écrit, sur un ton allègre et souvent humoristique qui rappelle Jack Vance à son meilleur.

- Réplicante (93, traduit en 2000), de Nicoletta Vallorani (It) une détective privée androïde, ayant quelques angoisses existentielles, doit mener une enquête dans un Milan futuriste où se mêlent drogue et télépathie. Une réussite, prix Urania.

- Marée stellaire (1983) prix Hugo et Nébula, de David Brin, un prof de physique américain. Premier tome de ce qui est devenu une saga avec Elévation puis Rédemption, un space opéra où un vaisseau spatial humain dont l'équipage est formé d'un néo-chimpanzés, de dauphins et d'humains, tous génétiquement modifiés, découvre un cimetière de vaisseaux d'une mythique race disparue à l'origine de toute la civilisation galactique. cette découverte leur attire la convoitise de nombreuses races évoluées mais pas commodes du tout... Le premier tome (pas encore lu la suite) est un bon dosage de science, de psychologie d'humour et d'aventures, une vraie réussite.

- Les Oiseaux de lumière, de Jean-Marc Ligny (fr) : un contrebandier part à la recherche des oiseaux de lumière, de mystérieuses créatures qui dérivent dans l'espace, quête initiatique et aventures spatiales par un auteur qui a reçu le Grand prix de l'imaginaire 97 pour Inner City, et Rosny Aîné 99 pour Jihad.

- BIOS, de Robert-Charles Wilson (Canada, d'origine EUA), une jeune femme génétiquement modifiée est envoyée participer à l'exploration difficile d'une planète dont la biologie s'est avérée terriblement dangereuse pour l'homme (un zeste du "Monde de la mort" de Harrison, et de "Solaris" de Lem). Très prenant. Son roman Darwinia a été nominé pour le Hugo et a reçu également de bonnes critiques.

- La servante écarlate (1985), de Margaret Atwood. C'est rare qu'un auteur de réputation internationale ait envie d'écrire un roman de SF ! Mais c'est loin du cyber ou du space-opéra : on y retrouve son thème préféré, la place des femmes dans la société, mais aussi une condamnation des intégrismes, une sorte de 1984 mâtiné de féminisme, dans une ambiance intimiste et assez sombre, bien plus fouillé psychologiquement que la SF "classique".

- L'I.A. et son double (trad. 2002) de Scott Westerfield : une intelligence artificielle ayant acquis un statut de citoyen croise la route d'une tueuse à gages un peu déshumanisée au fil d'une enquête sur un sculpteur censé être disparu, au sein d'un univers qui fait parfois penser aux bouquins de Ian Banks (à cause des vaisseaux de voyage). Excellent space opéra, avec de nombreux éléments qui nous rappellent d'autres auteurs, mais un harmonieux mélange, une enquête sur le thème original d'une IA devenue un expert artistique, conduite à traquer une autre IA, un sculpteur réputé. Le tout avec une dose de cyber, une dose d'érotisme, et parsemé d'humour, que demander de plus quand on aime ce genre ?

- L'Arbre à rêves de James Morrow, cf. plus haut avec les humoristes, mais je le remets ici parce que c'est un de ceux que j'ai préférés ces temps-ci, avec les quatre romans ci-dessus.

- Les Royaumes du Nord (1995) de Philip Pullman, trilogie de fantasy, dont je n'ai lu que le premier tome. Initialement destinée aux juniors, cette saga est maintenant publiée en collection SF adulte, une "promotion" largement méritée : très bien écrite, un climat original et envoûtant. Dans un monde parallèle au nôtre, similaire mais avec un peu de magie, une enfant élevée dans un collège est amenée à enquêter sur de mystérieuses disparitions d'enfants. Elle-même traquée dans le Nord, son destin semble lié à ces enlèvements, et à l'hypothétique frontière d'un autre monde (je ne révèle rien : c'est écrit dans la 4e de couverture !).

- Isolation, de Greg Egan (Australie) CyberSF: une première partie, où un détective privé porteur d'implants cérébraux enquête sur une disparition, nous fait déboucher sur un vertigineuse variante des univers multiples, inspirée des mystères et des incertitudes de la physique quantique. Des connaissances scientifiques certaines, de la culture, parfois répétitif, je le place quand même ici parce que j'hésite entre fumeux ou génial ! C'est en tout cas de la vraie SF inspirée, comme on le disait de Van Vogt et K. Dick. De même, son roman La Cité des Permutants (où une ville virtuelle pouvait apporter l'éternité à ses habitants, jusqu'à peut-être survivre à la planète) avait apporté un souffle nouveau au genre cyberSF, depuis William Gibson. Le recueil de 4 nouvelles Notre-Dame de Tchernobyl a eu de très bonnes critiques (pas lu). Seul le dernier a déçu (Teranésie).

- Jésus Vidéo, par Andreas Eschbach (Allemagne) : le roman débute par une découverte archéologique en Palestine. Un homme a-t-il fait un voyage temporel ? Et surtout: a-t-il filmé Jésus ? L'auteur a su éviter les pièges insolubles des paradoxes temporels, la majeure partie de l'histoire se déroule à notre époque. Bien traduit (la traductrice a été primée), bonne technique narrative, il sait faire vivre et donner de l'épaisseur à différents personnages plutôt qu'au seul héros (y en a-t-il un d'ailleurs ?), souvent ironique, il maintient jusqu'à la fin un suspense digne d'un thriller. Bref, si vous en avez assez des pavés galactiques, des mutants, des virus, et des quêtes initiatiques d'adolescents qui vont sauver la planète (ou l'univers), ne cherchez plus : c'est pour vous. Personnellement, je me suis régalé.

- Le souffle du temps (1981, et récemment traduit), oeuvre de jeunesse de Robert Holdstock, plus connu pour ses cycles de fantasy. Une planète colonisée est également surveillée de près, car dans une vallée soufflent les “vents du temps” qui déplacent les objets et les gens, mêlant vestiges passés et futurs. La présentation du livre se réfère à Solaris à cause du thème de l'observation pendant des lustres d'un phénomène qui nous demeure incompréhensible. Loin des péripéties des space-opéras, le roman décrit l'aventure humaine de l'équipe qui va lentement progresser dans la compréhension de cette planète, laquelle semble agir également sur l'humeur et le caractère de ses habitants. A eu d'excellentes critiques ; j'ai bien aimé aussi, sauf quelques longueurs et répétitions, ainsi qu'un style qui m'a peu accroché. Il méritait néammoins d'être traduit de suite pour son originalité, son ambiance poétique et romanesque.

- Réalité partagée (2000, trad.2004) de Nancy Kress (USA), premier volet d'une trilogie. Il mêle harmonieusement space opéra tendance hard fiction (guerre avec des ET agressifs, vestiges d'une ancienen race) et ethnologie, car une mission étudie un monde où le mensonge et le désaccord avec la communauté entraînent une douleur mentale. L'ambiance des passages sur ce monde m'a rappellé certains romans de Scott Card. Le troisième volet (sortie fin 2004) a obtenu le prix Campbell Award.

- Le tueur de temps (2000), de Caleb Carr (EUA), première incursion dans la SF d'un auteur deux fois primé pour son premier roman policier, c'est un coup de maître. Ouvertement inspiré de Vingt-mille lieux sous les mers quant au cadre général, le thème en est différent, car son capitaine Némo, expert de l'Internet du futur poursuivi dans le monde entier, ne cherche pas à se venger, mais à ouvrir les yeux du monde sur les manipulations de l'information, voire à modifier celles-ci pour secouer la société et l'obliger à se transformer. De tonalité sombre tout du long (futur proche avec pagaille géopolitique, pollution terrible, conflit pour l'eau potable, etc) il y aura pourtant une lueur d'espoir... Court et très tonique par ses rebondissements successifs, il se lit d'une traite. De la SF bien écrite et intelligente, qui mêle une action survitaminée à une réflexion sur notre société et sur l'information.

- La tour des rêves, de Jamil Nasir, dont la double culture donne un ton original au récit. Un prospecteur de rêves fait un rêve où une jeune femme semble l'appeler à l'aide, ce qui va le conduire dans la mégalopole du Caire, gangrénée par la misère et la révolte. Le thème est intéressant, mais le rythme peut-être un peu lent.

- Spirit 59, de Serguei Dounovetz (Fr.), éditions du Rocher (2006) coll. Novella SF, excellente longue nouvelle d'une enquête d'un policier privé dans le sud de la France en 2050, ambiance déjantée, pollution, violence, androïdes, dans “un monde proche de la rupture” comme dit la quatrième de couverture, et très bien écrit (un de ses romans est sorti chez l'éditeur le Dilettante), parsemé d'ironie noire. À conseiller, sauf à ceux qui rêvent d'un futur paradisiaque et pacifié...

- Le bureau des atrocités, de Charles Stross : attention, ça décoiffe ! Un mélange détonnant de fantastique et d'espionnage, prenant, angoissant et humoristique, une vraie réussite.

- Le dernier homme (2003), de Margaret Atwood. Attention, chef-d'oeuvre ! Comme toujours pour les grands écrivains, la critique préfère éviter le sigle SF et parler d'anticipation, de fable, de conte prophétique, de pamphlet politique, mais quelle importance ? Il se range d'emblée aux côtés du Meilleur des mondes, au sommet de la SF, pas celle des space-opera, mais celle qui parle de l'humanité. Avec un souffle romanesque parsemé de poésie et d'éclairs d'humour noir, l'auteur révèle peu à peu les détails d'une histoire dont on connait dès le début le cadre général, car racontée du point de vue du dernier homme sur Terre, mais qui s'enrichit et nous emporte à mesure dans un scénario très travaillé et une structure narrative complexe. D'après les premières pages, on suppose que le drame a dû avoir un rapport avec les manipulations génétiques, variation connue sur la fin du monde, mais ce n'est que le cadre général, l'intérêt du roman est dans la richesse romanesque, la justesse psychologique, la densité des personnages et, comme dans une enquête policière, on comprendra progressivement qui, pourquoi, comment, par les souvenirs du personnage principal, assez perturbé (on le serait à moins !), qui baigne le récit dans une profonde mélancolie, elle aussi assez compréhensible dans ces circonstances !

- Les Chronolithes (2001), de R.C. Wilson : la vie du personnage principal bascule lorsqu'il est témoin de l'arrivée du premier chronolithe, un monument venant semble-t-il du futur proche, et qui semble proclamer la victoire d'un seigneur du futur dans à peine vingt ans de là, qui serait donc déjà vivant. L'arrivée (destructrice) de ces monuments perturbe toutes les sociétés, ainsi que la vie des personnages, qui vont enquêter dessus ; un récit plein d'humanisme et de mélancolie qui se lit bien.

- Temps (cycle Les Univers multiples) (2007 en français), de Stephen Baxter. Un très bon roman de hard fiction, plein de physique. De la SF cosmique, démesurée, dont on peut juste regretter l'écriture fade, appliquée, le manque d'épaisseur des personnages. Faut dire que je l'ai lu peu avant Le dernier homme, de Margaret Atwood, et question écriture, y a pas photo... Mais c'est forcément un classique pour ceux qui aiment toute la SF, et particulièrement le genre hard fiction (Bonne critique détaillée sur le site Le Cafard cosmique.)


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