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HUMOUR


Omar Khayyam,
le mathématicien poète


Son nom, associé depuis longtemps aux savantes villes persanes du Moyen-Âge, a marqué l'Histoire. Brillant mathématicien, astronome renommé, Khayyam s'exprimait aussi dans l'écriture de ses fameux quatrains, les Rubayat. Le quatrain est un poème composé de quatre vers. Les premier, deuxième et quatrième vers riment alors que le troisième vers est blanc.

Ce type de poème persan atteignit ses sommets de perfection avec Omar Khayyam. Dans un style direct, sans fioriture, Khayyam exprimait sa pensée spirituelle, sa philosophie et ses plaisirs. Le quatrain est aujourd'hui associé à son nom et cette poésie porte en elle l'esprit persan du Moyen-âge. Le roubaï n'était pas un genre littéraire honoré en Perse du XIème siècle; le roubaï était décrété vulgaire, populaire, par les carriéristes littéraires de l'époque.

Maintenant que les données historiques, culturelles, linguistiques se sont faites plus précises, l'ouvre d'Omar Khayyam ne cesse de gagner en proximité, pour ne pas dire en modernité. Quelques extraits:


Dans la mosquée si, maintien dévot, je viens,
En vérité ce n'est pas pour prier que je viens:
Un jour j'y ai volé un tapis de prière;
Ce tapis devenant vieux, pour un autre je viens.


Le vin, bien que la sainte loi l'insulte, est délicieux;
Versé par une jolie, il est tout à fait délicieux;
Même amer, même interdit, je l'aime beaucoup;
Puis, c'est une vieille loi, ce qui est interdit est délicieux.


Carafe de rubis et livre de poèmes,
Un bout de pain ou quelque mets simples que j'aime
Goûtés dans les ruines près de toi,
Vaut mieux que du sultan la richesse suprême.


Voir aussi:

Omar Khayyam en français

Omar Khayyam en russe


Très connus et appréciés en Russie, les quatrains de Khayyam sont souvent imités en respectant leur structure et leur esprit. Voici quelques exemples de pastiches sur le thème de l'informatique, dont le titre est lui-même un jeu de mots - les roubytes.
Avec mes remerciements aux auteurs - Ievguenia Kozlovskaïa, Deniss Konovaltchik, Anton Zamolotskikh, Konstantin Biely, Konstantin Ievgueniev et le journal "Computerra".


Si le temps de chargement est horriblement long,
Ne pouvant plus compter toutes les déconnexions,
Sans râler, dis merci à ton cher prestataire,
Qui te garde si bien des cyber-tentations.


Il n'y a pas de filet si solide et si long
Que celui d'Internet, étendu dans le monde.
Malheureux sont les gens qui sont pris dans ce piège,
Doublement malheureux - ceux qui sont en dehors.


Les jours s'envolent... Je crée mon site perso,
J'en oublie tout - métro, boulot, dodo...
Pourtant, je suis heureux, parce que toute la planète
Peut contempler mes joues creusées par les efforts.


La montagne Microsoft accouche d'une autre souris;
Enième mise à jour, des frais et des soucis...
J'acheterai le tout pour ce plaisir suprême:
Caresser la roulette de ma petite souris!


Des disquettes j'apporte aujourd'hui à mon chef.
Non, c'est pas un rapport pour la veille, derechef...
Aux virus précédents, il trouva la parade;
De plein d'autres virus j'contamine mon chef!


Si des ordinateurs tu veux faire un métier,
Comme les ânes sauvages il faudra les traiter.
S'ils sont recalcitrants, la sanction sera la même -
De l'alimentation tu devras les priver!


Le sexe sur Internet, je l'aime tant!
Chats et forums, j'y passe beaucoup de temps.
Un an s'envole, un autre... et une question se pose:
Chéri, pourquoi n'avons-nous pas d'enfants?..


Mon ami qui achète une puce dernier cri,
Ton destin est si triste, mon pauvre ami!
Le prix fort d'un diamant elle te coûte aujourd'hui,
Et demain, ce sera un caillou, mon ami!


Pourquoi Bill Gates, si grand, si plein d'aplomb
Du soft extra ne vend-il pas, fripon?
Si les programmes sont parfaits, d'où viennent les bogues?
Et s'ils ne le sont pas, de qui se moque-t-on?


Dans mon écran, un coup de pied j'avais flanqué...
Il s'est cassé. Demain, un neuf rachèterai.
Encore il faut acheter, eh oui: en ce bas monde
Rien pour l'éternité ne nous sera donné!


Depuis des lustres, je cherche un bon antivirus,
Car le virus est très malin et plein de ruses...
Il m'a fallu longtemps pour trouver un remède:
Rien de mieux qu'une hâche comme bon antivirus!


Parmi l'amas de dunes de cédéroms divers
S'élève Microsoft, maître de l'Univers.
Je sortirai tous les dinars que je possède
Pour acheter sans fin au tentateur pervers!


- Oh Allah, avec quel fil le Net a-t-il été tissé?
- Avec celui-là même du fournisseur d'accès,
Qui du fond de sa toile, comme se cache l'araignée,
En gardant ses distances, t'a si bien filouté!


Je vais m'assoir à table, écrire de beaux quatrains,
Parce que vie est belle, que le soleil m'aime bien.
Tout mon pognon claqué sur Internet avide...
Et dans les poches, hélas, il ne me reste rien.


Si ton corps s'affaiblit, si ton âme s'en va,
Si en bas du turban ça résonne de Java -
Jette ton ordinateur dans un grand précipice,
Et ta vie deviendra douce comme le halva!


Puissant et hautain, tu peux faire ta loi,
Mettre en italique les écrits du Coran,
Mais surtout n'oublie pas: si Allah le désire,
Il plantera ton Office, que tu le veuilles ou pas.


Je surfe sur Internet et, en chargeant les pages,
Je reste stupéfait par un constat étrange:
On connait des Papous bien mieux que nos voisins...
Un drôle de paradoxe qui parfois me dérange.