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SCIENCE-FICTION


12. Actualisation après quelques années muettes, une liste en vrac de SF et de fantasy, encore moins organisée que précédemment... Le but n'étant pas une recension détaillée, ce qui serait un vrai travail d'Hercule compte-tenu de l'abondante production actuelle, mais de simples suggestions aux amateurs du genre qui chercheraient des idées de lecture. Lire des commentaires, que ce soit sur Amazon, Babelio ou autres sites, dévoile parfois trop d'éléments de l'histoire – nous préférons donner notre avis (péremptoire!) sans trop dévoiler l'intrigue, parfois avec tout ou partie de la présentation de l'éditeur, lorsqu'elle ne va pas trop loin. La date indiquée est celle de la parution en français – ou en poche en français.

La cité du futur de Robert Charles Wilson (2017). La cité Futurity apparaît en 1877, semble-t-il en vue de tourisme et de commerce. Mais futur et passé ne sont pas l'un de l'autre! Un autochtone va y travailler et mener une enquête criminelle en binôme avec une femme du XXe siècle. Choc des cultures, incompréhension, méfiance, mobiles inavoués, une variation très prenante sur le voyage temporel, avec son lot de surprises.

Les affinités de R.C.Wilson(2016), un excellent roman sur le thème des réseaux sociaux, à ma connaissance le premier en SF. Je n'en dis pas plus pour ne rien dévoiler. De toute façon, avec cet auteur on n'est jamais déçu.

1Q84 de Haruki Murakami (3 tomes), immense succès mondial, amour, polar, mystère policier, monde parallèle, écriture soignée, trop lent pour certains (surtout le 1er tome), hypnotisant, poétique et fascinant pour la majorité. Bien sûr, chez les libraires, il est dans la littérature générale, mais il relève du fantastique, dommage donc de ne pas citer ce chef d’œuvre.

Les dames blanches de Pierre Bordage (2015). Une mystérieuses boule blanche (référence explicite à celle de la série "Le prisonnier") apparaît près d'un village français, un jeune enfant a disparu dans ou à cause de la chose. D'autres boules apparaissent dans le monde entier, les gouvernements sont impuissants malgré des méthodes de plus en plus violentes, non sans conséquences sur nos sociétés, rappelant des périodes sombres de l'histoire humaine. Bref, ça va mal. Avec son talent de conteur, il développe des personnages très humains sur plusieurs générations, dans une histoire au ton peut-être plus mélancolique que dans d'autres romans, mais...

Les bras de Morphée de Yann Bécu (2019.) Un mal mystérieux a partiellement plongé l'humanité dans le sommeil, devenu bien plus long, mais à un degré variable selon les individus. La société, profondément chamboulée, s'est réorganisée à l'échelle locale. Frimousse, un professeur de français de Prague qui bénéficie de 12 heures de veille, en est réduit à enseigner des résumés de littérature à des élèves qui ont appris à faire court (pas-perdre-temps!), et fait le "troll de temps" pour arrondir ses fins de mois - la pagaille sociale ayant fait régresser le curseur moral... Un festival de trouvailles, d'ironie et d'humour, pas mal de références littéraires francophones (ça nous change un peu...), très bien écrit, rythme égal et soutenu, un gag à répétition savoureux, un crétin d'anthologie. Bref, une friandise originale à déguster lentement, ou plus probablement d'une traite, une claque qui réveille (pour rester dans le thème!) et qui rejoint dans mon cœur "Martiens, go home" au rayon humour de la SF! À lire d'urgence, bien sûr si vous avez le temps!

Les furtifs d'Alain Damasio (2019). Présentation de l'éditeur: "Ils sont là parmi nous, jamais où tu regardes, à circuler dans les angles morts de la vision humaine. On les appelle les furtifs. Des fantômes? Plutôt l'exact inverse: des êtres de chair et de sons, à la vitalité hors norme, qui métabolisent dans leur trajet aussi bien pierre, déchet, animal ou plante pour alimenter leurs métamorphoses incessantes. Lorca Varèse, sociologue pour communes autogérées, et sa femme Sahar, proferrante dans la rue pour les enfants que l'éducation nationale, en faillite, a abandonnés, ont vu leur couple brisé par la disparition de leur fille unique de quatre ans, Tishka - volatilisée un matin, inexplicablement. Sahar ne parvient pas à faire son deuil alors que Lorca, convaincu que sa fille est partie avec les furtifs, intègre une unité clandestine de l'armée chargée de chasser ces animaux extraordinaires. Là, il va découvrir que ceux-ci naissent d'une mélodie fondamentale, le frisson, et ne peuvent être vus sans être aussitôt pétrifiés". Dans une société ultra-libérale et hyper-contrôlée, où les villes ont été rachetées par des multinationales qui les gèrent en bons capitalistes, en luttant contre les "parasites" et les réfractaires, profondément original quant au thème des "furtifs", l'aspect sociologique, voire philosophique, quoique souvent intéressant, est plus convenu. Les trouvailles linguistiques, les changements de registre, jeux de mots, néologisme, argots, variations typos nous ont parfois rappelé la lecture des San-Antonio de Frédéric Dard, qui parfois rebutent ou lassent. L'aspect politique engagé (véritable guérilla urbaine contre l'ordre oppresseur) peut rebuter par son parti-pris "anar" ou "gauchiste" – mais il est souvent bien vu et très vivant car cette société totalitaire est effectivement plus qu'orwellienne... Ce côté militant est "compensé" par des trouvailles et par une sincérité dans le fil SF proprement dit. Mon conseil: plutôt que d'abandonner la lecture comme certains l'ont fait, sauter les passages où on n'accroche pas et rattraper le train, on ne sera pas déçu du voyage! Mieux vaut accélérer au besoin qu'abandonner sa lecture de ce qui est immédiatement devenu, à notre avis, un incontournable de la SF (intéressant entretien avec l'auteur dans la revue Lire, décembre 2019, "Les 100 livres de l'année".)

Des larmes sous la pluie (2012) et Le poids du cœur(2016) de Rosa Montero (Tome 3 en 2019). Deux aventures et enquêtes de Bruna Husky, une réplicante de combat qui dispose à sa guise des années qui lui restent après avoir accompli son temps de service actif, et s'est faite détective. Mais, par construction, les androïdes ont une espérance de vie bien inférieure aux humains. Contrairement à ses collègues, elle a des angoisses existentielles et mène sa quête identitaire – pourquoi est-elle différente? Un univers futuriste réussi, deux intrigues prenantes, des personnages pittoresques, une écriture de qualité (auteure de littérature générale plusieurs fois primée), bref, là on est dans le top, incontournable pour ceux qui aiment l'ambiance "blade runner"!

Aurora de Kim Stanley Robinson (2019). Sur le thème classique du premier voyage d'un vaisseau spatial vers une étoile, à 10% de la vitesse de la lumière et donc pendant plusieurs générations. Rien ne va se passer comme prévu. Nombreuses péripéties très intéressantes. Nombreuses notions de physique, maths, statistiques, linguistique, socio, etc, peu ou pas explicitées mais après tout c'est le propre de la "hard SF". L'éditeur dit "merveilleusement écrit", perso je trouve au contraire son écriture fade et indigeste. Mais j'ai bien aimé l'histoire, particulièrement le rôle et le personnage de l'IA du bord. À réserver aux amateurs de SF.

Le papillon des étoiles de Bernard Werber (2008). Même contexte, un voyage spatial qui va s'étaler de nombreuses générations, affectant fortement la structure sociale à bord. Brusque accélération du roman dans la deuxième partie, jusqu'à un joli final. Personnages parfois inconsistants dû au passage des générations, l'intérêt portant plutôt sur les changements sociaux dans le vaisseau.

Le problème à trois corps (2016), La forêt sombre (2017), La mort immortelle (2019) de Liu Cixin, le pape de la SF chinoise.

Comme disait un commentaire, trois conseils: ne lisez pas la quatrième de couverture du premier tome, bis, ter! Elle en dévoile trop.

Envoyé pendant la révolution culturelle par une jeune astrophysicienne, un message contenant des infos sur notre civilisation va être capté par les Trisolariens, qui sont menacés de chaos par l'instabilité de leur système. Cela ne sera pas sans conséquences. Ces trois tomes forment un monument, une formidable intrigue pleine de rebondissements, de surprises, une originalité certaine, même pour les gros lecteurs de SF. Bien écrit, élégant dans l'intrigue, humain dans le traitement des personnages, certains passages m'ont touché personnellement plus que nombre de romans classiques. Seul gros bémol: la première moitié du premier tome est lourdingue par son style et sa structure, outre la difficulté de nous habituer aux noms chinois. Et la description de la complexe civilisation trisolarienne peut mettre à la peine – mais ça vaut le coup. Il fallait le dire car il s'agit d'une trilogie, mais je la vois plutôt comme une seule et même histoire – prodigieuse.

On décolle encore plus dans les 2e et 3e tomes! De la hard-SF qui flirte avec les dernières hypothèses de la physique quantique (je crois!) et même au-delà, tout en maîtrisant l'humain. Le 2e tome est un feu d'artifice, et on s'attend à être déçus au 3e, mais non, on est toujours aussi scotchés (sauf quelques rares lecteurs). On est dans le haut du panier, les sagas et univers qui resteront, comme les robots d'Asimov (nouvelles), Dune, Ender, Hypérion, Elévation etc. Époustouflant.

Les livres de la terre fracturée de N.K. Jemisin(3 tomes). Présentation éditeur: "La terre tremble si souvent sur votre monde que la civilisation y est menacée en permanence. Le pire s'est d'ailleurs déjà produit plus d'une fois : de grands cataclysmes ont détruit les plus fières cités et soumis la planète à des hivers terribles, d'interminables nuits auxquelles l'humanité n'a survécu que de justesse. Les gens comme vous, les orogènes, qui possèdent le don de dompter volcans et séismes, devraient être vénérés. Mais c'est tout l'inverse. Vous devez vous cacher, vous faire passer pour une autre. Jusqu'au jour où votre mari découvre la vérité, massacre de ses poings votre fils de trois ans et kidnappe votre fille." Chaque tome a eu le prix Hugo, et le troisième Hugo-Nebula-Locus. Ce que je trouve excessif, de quoi s'interroger sur le tropisme des jurys... Il y a effectivement une qualité narrative, des personnages très humains, une intrigue, mais la description de pouvoirs aussi étendus n'est pas évidente sur la durée.

Dans la toile du temps d'Adrian Tchaikovsky (poche 2019). Éditeur: "La Terre est au plus mal... Ses derniers habitants n'ont plus qu'un seul espoir: coloniser le "Monde de Kern", une planète lointaine spécialement terraformée pour l'espèce humaine. Mais sur ce "monde vert" paradisiaque, tout ne s'est pas déroulé comme les scientifiques s'y attendaient. Une autre espèce que celle qui était prévue, aidée par un nanovirus, s'est parfaitement adaptée à ce nouvel environnement et elle n'a pas du tout l'intention de laisser sa place. Le choc de deux civilisations aussi différentes que possible semble inévitable. Qui seront donc les héritiers de l'ancienne Terre? Qui sortira vainqueur du piège tendu par la toile du temps?" Des surprises, de l'originalité. Le soin apporté à la description de l'autre civilisation, de la progression de son intelligence au fil des générations, rappelle un peu certains des meilleurs moments du cycle d'Ender – c'est dire. Formidable! (Prix Arthur Clarke)

Le sang des immortels de Laurent Genefort (2011). Sur la planète du narrateur, le sang d'un être légendaire offrirait l'immortalité, alors forcément ça attire les touristes! Et aussi quatre personnages plus décidés et aux motivations troubles, auxquels cet autochtone va servir de guide à travers une jungle terriblement hostile. "Un récit d'aventure inventif", dixit la couverture. Sans révolutionner le genre, c'est effectivement accrocheur et plaisant.

L'oeil du fouinain (2002) de Roland C. Wagner, remaniement de Poupée aux yeux morts précédemment paru). Couverture: "Le temps d'un voyage interstellaire, Kerl est devenu paradoxalement un vieillard chenu, tandis que Sue, son grand amour, n'a pas pris une ride en cinquante ans. Mais cette poupée aux yeux morts est-elle bien encore la femme qu'il a aimée ? Et qu'annonce le fouinain, ce bizarre extraterrestre qui semble en savoir plus long qu'il n'en dit? L'univers entier semble au bord de la déglingue. L'OEil du fouinain, qui est une autre version de Poupée aux yeux morts, revue et corrigée par son auteur, est sans doute le meilleur roman de la Pop Star la plus déchaînée de toute la science-fiction française." Je confirme: assez déjanté, souvent drôle, peut-être moins maîtrisé vers la fin.

FUTU.RE de Dmitry Glukhovsky (2015) (Prix Librànous 2016). L'humanité sait stopper le vieillissement, mais toute la planète n'en bénéficie pas... (Est-ce que tout le monde aujourd'hui mange du caviar dans des draps de soie? Ben non.) L'Europe est surpeuplée mais fait figure d'utopie grâce à un contrôle des naissances raisonnable, quoique radical: pour chaque vie, il faut qu'un parent accepte l'injection d'un accélérateur métabolique, dont je vous laisse deviner le résultat... Dur. Matricule 717 appartient à l'unité qui traque les contrevenants et les réfractaires (mais pourquoi faut-il toujours qu'il y en ait?!) Un sénateur lui demande un petit boulot officieux, éliminer un activiste du Parti de la vie, un mouvement opposé à cette société policée. Noir mais très prenant. Au lecteur de se demander si cette utopie en est bien une, la réponse n'est pas forcément évidente. Très réussi, ça donne envie de lire sa série à succès 2033 d'abord parue sur Internet, et 2034.

La cité de l'orque de Sam J. Miller. Editeur: "22ème siècle... Les bouleversements climatiques ont englouti une bonne partie des zones côtières. New York est tombé ; les États-Unis ont suivi. Au large de pays plongés dans le chaos, ou en voie de désertification, de nombreuses cités flottantes ont vu le jour. Régies par des actionnaires, elles abritent des millions de réfugiés. C'est sur Qaanaaq, l'une de ces immenses plateformes surpeuplées, qu'arrive un jour, par bateau, une étrange guerrière inuit. Elle est accompagnée d'un ours polaire et suivie, en mer, par une orque. Qui est-elle? Est-elle venue ici pour se venger? Sauver un être qui lui serait cher?" Premier roman d'un jeune auteur américain (après une nouvelle remarquée). Pas totalement maîtrisé, mais ambiance et cadre originaux (la ville-monde flottante).

Crime à Tarsis de John Maddox Roberts (série intitulée La trilogie des Mystères, N°2, auteurs différents). Fantasy mâtiné de polar. Quelques personnages intéressants, de même que la description de la ville et ses bas-fonds. Moyen.

Meurtre au Cormyr de Chet Williamson (série La trilogie des mystères, N°1). Idem, enquête dans un cadre fantasy, détails pittoresques, un peu d 'humour. Pas mal dans le genre.

L'enfant de poussière et La peste et la vigne, de Patrick Dewdney. Orphelin depuis l'enfance, Syffe va traverser de nombreux milieux différents de son monde, contraint à la fois par les circonstances et par sa quête des mystères de son monde (dont ses rêves étranges). Revers de la médaille: la succession de contextes différents forme un roman initiatique un peu linéaire. Des personnages attachants, bien écrit, une bonne saga de fantasy, accrocheuse, qui donne envie de connaître la suite.

Andreas Eschbach. A priori, tous ceux que j'ai lus de cet auteur valent le coup, on est jamais déçu, que ce soit le célèbre Jésus vidéo (adapté en téléfilm), le très original Des milliards de tapis de cheveux, le très bon Maître de la matière; il est question de nanotech et de robots, d'un garçon et d'une petite fille dont le destin sera de se croiser plusieurs fois dans la vie. "Le dernier de son espèce" Si je vous dis que c’est le dernier de son espèce, je ne crois pas vous en révéler trop. Une sorte de faux super-héros ou super-soldat hi-tech à la retraite, réflexion sur la vieillesse et l'humanité. Kwest, très bon space opera, ambiance classique, manque de profondeur des personnages selon certains lecteurs, mais toujours bien raconté, de la belle ouvrage comme toujours avec cet auteur. Station solaire, un polar à suspense dans une petite station spatiale technique.

Ne sont pas tous de la veine SF: Panne sèche (pas lu) est une anticipation proche sur le pétrole et sa raréfaction.

À redécouvrir (années 60-70), parution de son intégrale il y a quelque temps, Julia Verlanguer (cf. Wiki, prix éponyme créé par son mari après son décès, elle a eu une grosse influence sur certains auteurs francophones actuels) des cycles tantôt "post-apocalypse" comme La terre sauvage, qui se passe en France et en Tunisie mais moins noirs que le célèbre La route...), d'autres sont du registre fantastique ou fantasy. Toujours très bien écrit, avec de discrètes références littéraires sans en mettre plein la vue, de bons récits d'aventures, soignés, très prenants – on se fout pas du lecteur.

La route, de Cormac Mc Carthy (2008), court chef d’œuvre plein d'émotion, contexte post-apocalypse, noir avec une lueur d'espoir ici ou là. Superbement et fidèlement adapté au cinéma, tout aussi noir – parfois seulement gris!

Pour mettre encore un peu de fantasy, les sagas de Robin Hobb. Contexte moyenâgeux de cité-États ou de royaumes plus ou moins rivaux, pirates, nombreux personnages bien campés et très vivants, psychologie fine, pouvoirs parapsychologiques (deux formes différentes de télépathie) qui jouent un grand rôle, bestiaire riche, très nombreuses péripéties, des restes d'une technologie de mystérieux Anciens – bref, c'est l'archétype de la fantasy! Le personnage du fou, présent dans deux cycles, permet de mettre un peu de fantaisie dans la fantasy (!) genre a priori sérieux – sauf volonté parodique. À titre indicatif, bien que l'ambiance générale (dragons, conflits, monarchies) puisse faire penser à Game of Thrones (version télé), les différences sont nombreuses: moins de batailles rangées (mais ça ne manque pas, ni l'espionnage ou la géopolitique), davantage d'introspection et de psychologie, un héros très antihéros (l'Assassin). Les dragons sont beaucoup mieux utilisés que dans GOT, leur interaction avec les humains est plus riche et plus détaillée. La psychologie est pertinente et riche: doutes, ambitions, tourments intimes, angoisses existentielles, névroses, sexualité(s), tous âges confondus, en font un ensemble très éducatif! Je parle d'ensemble parce que les différents cycles se déroulent dans le même monde et les personnages de l'un interviennent parfois dans l'autre – on pourrait les considérer comme une seule histoire. Inconvénients: des redites si on les lit à la suite les uns des autres, lorsque l'auteur rappelle le contexte général et résume certains évènements. Du coup il est difficile de conseiller tel ou tel tome. Selon l'ordre dans lequel on lit les différents cycles, on risque de connaître le destin de certains personnages-clés. Je conseillerais de commencer par Les Aventuriers de la mer, avec les émouvantes "vivenefs" (des navires conscients), un cycle relativement indépendant, ou le très connu cycle de L’Assassin, sa suite le Fou et l'Assassin, puis Les Cités des Anciens, où les dragons jouent un grand rôle.

Défaillances systèmes, de Martha Wells (Journal d'un AssaSynth-1). Prix Hugo, Locus, Nebula, Alex, bien mérités. Un androïde de sécurité est loué par une équipe de scientifiques chargée d'explorer une planète en vue d'une colonisation ultérieure. Rien ne va se dérouler comme prévu, ni l'exploration, ni cette machine. Difficile d'en dire plus sans dévoiler des surprises, sinon que le narrateur est l'androïde lui-même. Un bref roman fulgurant, dégraissé, épuré, au suspense constant, de l'action, des surprises, de l'humanité et de l'humour. Les trois suites sont (un peu) en-dessous. La nouveauté de la situation n'y est plus, et les piratages informatiques effectués par le personnage pour éviter de se faire repérer sont un peu répétitifs. Néanmoins ces suites ne manquent pas d'intérêt, que ce soit par les scènes d'action ou des rencontres plus pacifiques. Et surtout, ces courts romans (ou ces quatres longues nouvelles... L'éditeur aurait-il pu les vendre en un seul tome?) ne formant finalement qu'une seule histoire, les lecteurs emballés par le premier tome ne manqueront pas de piaffer pour connaître le destin d'Assasynth, et savoir s'il s'insèrera dans la société humaine en tant qu'individu rebelle à son destin de machine obéissante.

Interférences de Connie Willis (2017). Éditeur: "Dans un futur pas si lointain, une intervention chirurgicale a été mise au point pour améliorer l’empathie dans le couple. Tous les amoureux en rêvent. Briddey Flannigan se réjouit quand Trent, son petit ami, lui propose cette opération avant leurs fiançailles: leur lien émotionnel s’en trouvera renforcé et la communication n’aura plus de secrets pour eux. Mais les choses ne se déroulent pas tout à fait comme prévu: bien malgré elle, Briddey se retrouve connectée à quelqu’un d’autre." Une forme de télépathie dérape et complique la vie des personnages, satire souvent drôle de l'hyper-communication, on peut aussi y voir une critique des réseaux sociaux. Court (ce qui est souvent le cas des romans humoristiques), nombreux dialogues, peut-être pas tout à fait abouti à cause de son rythme inégal et de passages confus (mais qui font peut-être écho à la confusion du personnage).

L'Espace d'un an de Becky Chambers. Une jeune femme est engagée comme greffière (débutante) sur un vaisseau qui creuse des tunnels dans l'espace (les fameux trous de vers.) Ce vaisseau, sous contrat avec une fédération galactique regroupant une poignée d'espèces "intell", dont nous sommes les membres les plus récents, n'est pas armé, et présente la particularité d'être composé de plusieurs espèces différentes (4 ou 5 selon qu'on inclue l'IA du bord). Le capitaine et la greffière sont humains. Les particularités de chaque espèce nous seront progressivement familières, tant physiques que psychologiques Sans manquer d'action ni de muscle, ce roman traite du relativisme culturel, de la difficulté de se comprendre et d'établir la paix entre espèces, des sentiments qui uniraient des gens différents amenés à se côtoyer. Primé et bien mérité. Un conseil: ne pas lire les présentations en ligne, trop "spoilées". (Pas lu les deux autres en rapport.)


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